Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

dimanche 17 août 2025

 

Château de l'Isle-sur-Arnon

Le château de l'Isle-sur-Arnon est situé dans la commune de Touchay, sur les bords de la rivière à laquelle il a emprunté une partie de son nom. Cette place importante sans doute pendant plusieurs siècles, ne conserve plus que la moitié de ses constructions primitives qui en faisaient alors un vaste quadrilatère composé de plusieurs corps de bâtiments aux murs épais, flanqués de tours, défendus par des meurtrières, couronnés de mâchicoulis et entourés de vastes douves, dérivation de l'Arnon, qui ont été comblées il y a environ trente ans. Comme tous les châteaux du Berry, il a joué son rôle dans l’histoire locale, tant à cause des importantes situations qu’occupèrent plusieurs de ses seigneurs, qu'en raison de la valeur qu'avait toute place aux murs assez épais et aux fossés assez larges pour présenter un semblant de défense et d'abri à une époque où successivement, la guerre contre l'Anglais, la révolte contre le roi, la lutte contre l’hérésie, dissimulaient souvent le vol et le brigandage. Quelque infimes que soient les faits qui se rattachent à l’histoire, par cela même qu'ils n’y sont pas étrangers, ils sont toujours dignes d'être recueillis, et plusieurs des seigneurs de l'Isle ont fait assez bonne figure dans les armées, à la cour, dans le commerce des beaux-arts, pour qu'il soit permis de rappeler qui ils étaient et par quelles vicissitudes ont passé leur demeure et leur domaine. Nous ne savons trop ce qu'était la seigneurie de l'Isle avant le XVe siècle. Son siège, sans doute, était dans une construction plus ancienne à laquelle fut lié ce qui reste du château actuel; elle existait cependant incontestablement. 

 En 1175, Jean II, seigneur de Linières, traite avec l'abbé Isambert et les chanoines réguliers Augustins du couvent qui venait de se fonder non loin de là, sur la colline de Puy-Ferrand , à propos de certaines contestations relatives aux dîmes de vin, lin, blé, etc, de la paroisse de Saint-Martin d’Ids. Jean de Linières abandonna ces dîmes aux religieux, mais avec cette restriction que cela ne doit pas préjudicier au seigneur de l'Isle. Nous ne saurions dire quel fut ce seigneur de l'Isle. On cite au XIIe siècle un "Bernardus de Insula", dont on ne connaît que le nom; de même pour Humbault de l'Isle, chevalier, en 1201 et Reynaud de l'Isle présent en 1252 à l'appel du ban et de l’arrière-ban de la Province, convoqué à Issoudun. C’est plus d’un siècle après, en 1311 et en 1319, que nous voyons le seigneur de l'Isle constituer sur sa terre une redevance en faveur de ce couvent de l'ordre de Fontevrault, que le bienheureux Robert d'Arbrissel avait fondé à quelques kilomètres de là, dans la solitude d'Orsan, et auquel les seigneurs du voisinage distribuèrent leurs bienfaits. Il est fait mention en 1368 d'une Jeanne de l'Isle, dame de Thizay, et ensuite nous trouvons une série de chevaliers appartenant à une même famille, la famille du Mas, Dumas ou du Matz, qui posséda la terre pendant deux cents ans et dont certains membres parurent honorablement dans l’histoire et illustrèrent leur maison, soit par de nobles alliances, soit par des actions d'éclat, soit en occupant avec distinction des charges importantes. Les du Mas étaient originaires du Berry et tiraient leur nom du lieu dit le Mas-Sarrazin, situé dans la commune de Prévéranges. Ils restèrent dans celte province jusqu'à la fin du XVIe siècle, époque à laquelle, par suite de plusieurs mariages, non des moins honorables, ils s’établirent dans le midi, où leurs descendants existent encore. 

 Les deux premiers seigneurs de l'Isle du nom de du Mas sont Isambert el Humbault. Ils vivaient à la fin du XIVe siècle, tous les deux à la même époque. Nous ne savons s'ils n’étaient pas frères; il semble cependant plus probable qu’Isambert était le père d'Humbault. En 1396, Isambert du Mas rend aveu à Philippe, baron de Linières. A la même époque, Jeanne du Mas, sans doute sa fille, rendait également aveu au même seigneur pour le bois de la Font, terre située à quelques kilomètres du château de l'Isle. Humbault ou Humbert du Mas était homme d’armes en 1386. C’était l’époque désastreuse de la guerre des Anglais, marquée par tant de ravages et de dévastations dans la partie du Berry confinant le domaine de l'ennemi. Contre celui-ci, s'étaient levés, non sans succès, les plus valeureux chevaliers de l'époque, et des combats nombreux s'étaient livrés sur les "marches du Berry". Parmi les seigneurs qui guerroyaient ainsi, se trouvait Humbault du Mas, écuyer, comme l'indique une quittance de gages du 18 mars 4386, qui lui furent octroyés pour l'indemniser de ses frais pendant la dernière campagne. Cette quittance est scellée de son sceau, sceau rond à la fasce accompagnée de trois tourteaux, deux en chef et un en pointe, brisé d’une étoile. Ce sont bien là les armes des du Mas que nous retrouverons d’une façon authentique dans plusieurs témoignages incontestables, entre autres sur les ornements d'architecture du château de l'Isle. Vers la même époque Humbault du Mas était seigneur du Mas-Sarrazin, et en 1404, il était seigneur de l'Isle. C'est à ce titre qu'il fait une fondation au couvent d’Orsan. A Humbault du Mas succéda Pierre du Mas. Il était seigneur de l'Isle vers 1450, alors qu'Édouard de Beaujeu possédait la terre de Linières par son mariage avec Jacqueline, fille unique de Jean VI, dernier baron de Linières. Pierre épousa Jacqueline de Chamcour. Ce serait lui, d’après une tradition que rien ne vient confirmer, qui aurait construit le château de l’Isle. Nous pensons au contraire qu'il existait déjà, à cet endroit, une construction féodale qui fut plus tard embellie par un des successeurs de Pierre, Jean 1er du Mas. 

 Pierre du Mas mourut le 8 juillet 1456, il fut inhumé dans une chapelle latérale de Saint-Martin de Touchay, chapelle qui porte encore aujourd'hui le nom de chapelle de l'Isle. Celle-ci, restaurée dans le goût du XVe siècle montre, ainsi que le chœur de l’église, les armes des du Mas à la clé de voûte. La pierre tombale existe encore; elle est de forme rectangulaire et sert de marche à l'autel de la Vierge; l’arête supérieure en est taillée en chanfrein, et tout du long, court cette double inscription séparée par un cœur et gravée en lettres gothiques: "Cy gisi noble hôme Pierre du Mas escuier en son vivant seigneur de lisle du Mas de Bousgueffier et de Bosquot lequel trépassa le VIIIe jour de Juillet mil CCCCLVI. Priez Dieu po lui. Cy gist noble damoiselle Jaqueline dame en son vivant de Châccour fême et espouse dudit seigneur et trespassée le VIIIe jour mil... priez Dieu pour elle". De son mariage, Pierre du Mas laissa plusieurs fils qui nous sont connus: Philippe, Gabriel, Pierre et Jean. Nous savons peu de chose de Philippe du Mas. Il était seigneur de l'Isle en 1460 et à ce titre il fait abandon au couvent d’Orsan de la locature de Jonchereux. Nous connaissons encore deux aveux et dénombrements rendus par noble homme Philippe du Mas, écuyer, seigneur de l'Isle, en 1467 et 1472. Mais là se borne tout ce que nous savons sur ce personnage dont les frères devaient être plus illustres. Gabriel du Mas entra dans les ordres, mais ce ne fut sans doute assez tard. Différents documents lui attribuent la construction du château de l'Isle, sans fournir aucune preuve. Nous croyons, au contraire, que s’il a habité l'Isle, il n’en a jamais été seigneur. On cite d’autre part un Gabriel du Mas, seigneur du Mas-Sarrazin en 1476: et c’est vraisemblablement de celui-ci qu'il s’agit. Mais c’est dans la vie ecclésiastique qu'il devait rencontrer les honneurs. En 1475, Gabriel du Mas était promu à l'épiscopat et une bulle de Sixte IV, datée du 5 avril, le nomme évêque de Mirepoix jusqu’au 15 juin 1486, époque à laquelle il fut nommé à Périgueux. 

 Pierre du Mas, autre des fils du seigneur de l'Isle, se consacra également à l’Église. Son rôle fut moins brillant que celui de l'évêque de Périgueux. Il s'éteignit dans le monastère de Chezal-Benoît et fut enseveli, le 25 mars 1491, dans le chœur de l'église, au milieu de ses frères. A côté de ces deux hommes d’Église, un homme de guerre: Jacques du Mas, frère des précédents. Il y a tout lieu de croire que celui-ci, habita peu le château de l'Isle, toujours est-il qu'il n'en fut jamais qualifié seigneur. En 1471, Charles le Téméraire lui donna la terre de Navilly telle que la tenait Baudoin, soi disant bâtard de Bourgogne, et sans doute il lui fit d’autres dons car la succession de Jacques du Mas devait être importante. Il le nomma quelques années après son écuyer d'écurie, (1473) puis le fit son porte-étendard et l’honora d'une amitié toute particulière. Mais Jacques du Mas ne devait pas survivre à son maître. C’est quand l'adversité s’attacha aux pas de Charles le Téméraire que ce hardi chevalier devait succomber en cherchant à opposer sa bravoure à la fortune qui s'acharnait contre le duc de Bourgogne. A la bataille de Morat le 22 juin 1476, couvert de blessures, il tenait toujours son étendard droit et ferme pour servir de signe de ralliement. S'il ne put enrayer la déroute, il eut au moins la suprême consolation de remettre le précieux emblème entre les mains de son maître, puis il expira. "Et ce ainsi, ajoute un autre chroniqueur, eust le duc de Bourgoingne la fortune deux fois contre luy; et là, moururent le comte de Marle, fils du conte de Saint-Pol, et ce bon et vaillant escuyer Jaques du Mas, l’estendard du duc de Bourgoingne en ses bras que oncques ne voulut habandonner". Ainsi fut tué ce courageux enfant du Berry dont il faut regretter de voir la bravoure s'être épuisée à un autre service qu’à celui de son roi. Jacques du Mas ne s’était sans doute pas marié, car "après son trépas à Morat, ses biens qui n'étaient pas petits furent envoyés à son frère Jehan du Mas, chambellan de Monsieur de Beaujeu, comte de Clermont". 

 La fortune de Jean du Mas fut encore plus brillante que celle de ses frères. C’est lui qui devint le chef de sa maison et qui posséda la seigneurie de l'Isle. Tour à tour soldat, magistrat, érudit et lettré, conseiller et favori de deux rois de France et d’une régente, il présente le type complet de ce que devait être le grand seigneur de cette époque, alors que la féodalité brisée n'avait plus qu’à se ranger franchement sous la bannière royale pour y rendre des services et en recevoir des faveurs. En 4475, nous trouvons Jean du Mas, écuyer d'écurie du roi, fonction à laquelle était attachée une pension de 1,000 livres, puis capitaine des places de Mauzain, Alaize et Vertoizon et appointé à ce titre de 500 livres. Les devoirs politiques et les complaisances du courtisan de Louis XI n’empêchaient pas M. de l’Isle de s'occuper de la gestion de ses affaires en Berry. L'Isle relevait féodalement de Linières. Jean du Mas voulut se soustraire à cette tutelle dont le plus grand désavantage était de lui retirer certains revenus. C'était en effet le seigneur de Linières qui exerçait, sur le domaine de l'Isle, les droits de guet et de justice. En 1476, François de Beaujeu, seigneur de Linières vendait à Jean du Mas, moyennant la somme de 1200 livres, les droits de justice haute, basse et moyenne, ainsi que le droit de guet qu'il exerçait sur la terre de l'Isle, à la condition, cependant que l'appel relèverait du bailli de Linières. Quelques années après, Louis XI, qui avait nommé Jean du Mas son conseiller el chambellan, confirmait cette vente par lettres de juin 1482. Lorsque Louis XI mourut en 1483, la fortune de Jean du Mas ne subit pas d'atteinte. Le seigneur de l'Isle était le favori du Duc et de la Duchesse de Bourbon, et ceux-ci le firent entrer dans le conseil de la régence qui leur était confiée. Mais la dignité la plus éclatante qu'il obtint, fut celle de Grand Maître réformateur des eaux et forêts de France, à laquelle il fut élevé par Charles VIII le 22 avril 1489. Jean du Mas avait épousé Jacqueline Carbonnel de la famille des Carbonnel Canizy. De ce mariage il eut deux fils, Albert et Jacques, et plusieurs filles, Jacqueline, Claude et Françoise. 

 Jean du Mas accompagna le roi en Italie; le 4 mai 4495 il était à côté de Charles VIII quand celui-ci fit son éclatante entrée à Naples; mais il ne le suivit pas à son retour en France, il resta pour accomplir certaine mission sur laquelle nous n'avons pas de détails. Il ne devait pas en revenir: il mourut à Florence le 43 juillet 1495 et y fut inhumé dans l'église de l’Annonciata. L'un des fils de Jean fut Jacques II; il est qualifié seigneur de l'Isle en 1507, quoique cependant, à la même époque, son frère Robert portât déjà ce titre. Il prit aussi le nom de seigneur d’Ivoy, et aurait possédé également la seigneurie de Bannegon en 1516. Il n'aurait pas eu d’enfants. Robert du Mas semble avoir été le fils aîné de Jean; c'est lui qui continua la lignée de sa maison. Il porta les titres de seigneur de l'Isle, le Coudray, Felletin, Hauterive, etc. Il épousa le 29 mai 1505, Jeanne de Fontenay qui lui apporta en dot la terre de Riffardeau qu'elle tenait de son père, Jean de Fontenay, seigneur de Moison, Montigny et Riffardeau. Robert du Mas mourut en 1525 laissant sept enfants; trois filles: Gilberte, Françoise et Catherine dont nous ne savons rien, et quatre fils: Jean, Jacques et Pierre II qui tous portèrent le nom de seigneur de l'Isle, et enfin Nicolas qui embrassa la vie religieuse. Des fils de Robert Du Mas et de Jeanne de Fontenay, Jean et Jacques semblent être restés seuls en Berry. Pierre II, qui porta cependant le nom de seigneur de l'Isle et de Bannegon, se retira dans le pays de Foix, sans doute au moment de son mariage qui eut lieu le 4 décembre 1528 avec Marie Dupuy, fille de Marie Jérôme Dupuy, seigneur de Pradies, gouverneur et capitaine du château de Bastide. Pierre du Mas était capitaine de cent hommes d'armes et fut nommé par François 1er commandant du quartier des Bordes. Il mourut de blessures reçues au service et laissa deux enfants: une fille, Jacqueline, et un fils, Armand qui embrassa la religion réformée et dont la postérité s’est continuée jusqu'au XIXe siècle sous le nom de du Mas de Marveille. 

 Jean et Jacques semblent avoir possédé l'Isle simultanément à la mort de leurs parents. Cela parait ressortir de l'ordonnance de terrier rendue par François 1er en 1546 en faveur de "Jean et Jacques du Mas, écuyers, seigneurs de l'Isle, Chanceaux, Felletin et le Coudray". D'après ce terrier, à cette époque la seigneurie de l'Isle atteignait les localités de La Noue, les Mottes, le Perron, Malleray, les Mousseaux, Touchay, la Ruelle, Saint-Hilaire, les Chenuats, Rezay, Préalle, les Martinats, les Cotes et les Matherons. Nous retrouvons encore ces deux frères plaidant ensemble contre Jean Acarie, seigneur de Bourdel en 1552. Mais peu de temps après, ils se séparèrent. Jacques eut alors Riffardeau et Bannegon, qu’il habita sans doute. Il mourut vers 1555 après avoir épousé Françoise de Sorbiers dont il n’aurait eu qu'un fils Antoine du Mas, sieur de Riffardeau dont la postérité ne nous est pas connue. Jean, qui posséda seul la terre de l’Isle quand son frère se fut retiré à Bannegon, ne semble pas y avoir beaucoup résidé. Cependant il est cité au nombre des seigneurs de Berry qui assistèrent à l’assemblée réunie en vertu de l’ordonnance du 9 juillet 1539 par le rédacteur des coutumes. Il épousa le 27 décembre 1542, Honorade de Castellane. Ce mariage honorable appela Jean dans le pays de sa femme, la provence, mais il ne négligea pas ses propriétés du Berry. C'est ainsi que nous le voyons, en 1546, vendre à Claude de Laubespine la terre de Hauterive sur laquelle celui-ci fit bâtir un château princier dont il reste à peine quelques ruines aujourd'hui. C'est ainsi encore qu’il rendit, en 1559, hommage pour l'Isle à Charles de La Rochefoucault, seigneur de Linières. Jean du Mas laissa trois enfants, Nicolas, Timothée et Sara. Cette dernière épousa Thadée Baschi, seigneur de Saint-Estève et en deuxièmes noces, Simon de Villeneuve, seigneur de l’Espinouze. 

 Avec Timothée et Nicolas du Mas, la terre de l'Isle devait sortir de cette maison. Le père de ces deux seigneurs mourut-il en laissant une situation embarrassée? Son mariage ne semblerait pas devoir autoriser à le penser, non plus que les alliances brillantes que contractèrent ses enfants. Il faut plutôt dire que cette famille qui avait quitté le Berry pour vivre en Provence et dans le midi chercha à se défaire d’une terre éloignée, située en dehors de son rayon d'existence. Cependant nous voyons que Timothée du Mas n’accepta la succession de son père que sous bénéfice d'inventaire: Henri III rend en effet une ordonnance de terrier en 1576 en faveur de "notre cher et bien-aimé Timothée du Mas, seigneur de l'Isle et des seigneuries de Chanceaux, Boys de Lafont et Felletin, héritier sous bénéfice du défunt, Jean du Mas, son père". Timothée mourut vers 1576; il avait épousé Françoise d'Albert, fille d'Antoine d'Albert, seigneur de Rogasse et d'Honorade de Bernus. Sa femme lui avait apporté en dot la seigneurie de Lac qu’elle reprit à son veuvage et qu'elle donna le 4 juillet 1577, à son second mari, François de Vintimille, des comtes de Marseille, baron de Tourves, gouverneur de Provence. Nicolas, second fils de Jean du Mas, rendit hommage pour l'Isle à Charles de la Rochefoucault, seigneur de Linières, le 27 septembre 1576, sans doute à la mort de son frère qui n’eut pas d'enfants et dont il hérita. Il fut chef du parti des Huguenots et fut tué à la bataille qui eut lieu entre Allemagne et Riez et où Lesdiguières infligea au sieur de Vins, commandant pour la Ligue une sérieuse défaite. Nicolas avait épousé Jeanne de Grasse, fille de Claude, comte de Bar et eut des enfants qui ont continué la postérité des comtes d'Allemagne et des du Mas de Castellane dont descendait le maréchal de l'Empire. De la famille du Mas, la seigneurie de l'Isle passa entre les mains de celle des Beaufort-Montboissier Canillac.

 En effet nous voyons le 10 janvier 1579 "Jehan de Beaufort, seigneur du fief de l'Isle, rendre hommage à Charles de la Rochefoucault, seigneur de Linières", et quelques mois plus tard, le 4 juillet 1579, nous retrouvons Jean de Beaufort de Montboissier, marquis de Canillac donner une procuration à l'effet de rendre hommage "au duc de Montpensier, seigneur du Chastelet pour raison des fief et seigneurie de l'Isle-sur-Arnon, Justice de Malleraye, les Mousseaux Vigoune, etc". Jean de Beaufort Montboissier, marquis de Canillac, comte d'Alais, seigneur de l'Isle, épousa en 1575, Gilberte de Chabanne, fille de Joachim de Chabanne, marquis de Curton, chevalier d'honneur de la reine Catherine de Médicis, et de Charlotte de Vienne. Le marquis de Canillac ne dut pas résider souvent dans son château de l'Isle quoiqu'il fut propriétaire d'autres fiefs voisins, mais ardent catholique, il se mêla aux luttes de la Ligue et s’y donna avec fougue. Du mariage de Jean de Beaufort avec Jacqueline de Chabanne, nous ne connaissons qu'un fils: Jean-Timoléon de Beaufort Montboissier, marquis de Canillac, comte d'Alais, qui épousa Gasparde de Miolans. Ce fils habita-t-il l'Isle? fut-il même seigneur de l'Isle? nous ne saurions le dire. Il guerroya d’abord pour la Ligue en Auvergne, se rangea plus tard dans le parli d'Henri IV qui lui donna la charge de gouverneur de celte province, et mourut en 1598. Jean-Timoléon qui ne s’occupait pas de son château de Berry, l'avait laissé à la garde d'un intendant ou même d’un simple fermier, et que celui-ci ne crut pas devoir faire bande à part au milieu du mouvement qui se produisait dans la province en faveur du roi et de son gouverneur, M. d'Arquian, qui avait remplacé M. de la Châtre après que celui-ci eut publiquement rompu avec Henri IV, il y eut à ce moment une incessante guerre d’escarmouches dans lout le pays. Que devint le château de l'Isle à la suite de cette guerre? Quels furent ses seigneurs? Pendant une période de plus de trente ans les documents nous font défaut. 

 Nous ne savons à quelle date ni comment la terre de l'Isle sortit de la maison de Beaufort-Montboissier-Canillac; mais, au commencement du XVIIe siècle, elle était entre les mains des Varie, et René de Varie en était qualifié seigneur. Mais il ne posséda pas longtemps cette seigneurie, du moins d’une façon intégrale; en effet par contrat du 20 mars 1600 il constitua une rente sur sa terre de l’Isle au profit de Jean Penot, avocat de Bourges, puis il en vendit ou en engagea une portion à M. Mathurin, procureur fiscal à Lignières, et à Pierre Alegret, marchand à Touchay. L'Isle, ou partie de l'Isle, aurait été également à cette époque entre les mains d’un certain général Millet. C'était probablement Daniel Millet, d'abord huguenot en 1589, puis trésorier général de France, conseiller du roi, élu maire de Bourges en 1607. Cependant nous retrouvons l'Isle d'une façon certaine entre les mains des fils de René de Varie qui y habitèrent. Celui-ci avait eu au moins trois fils, Philippe, Hugues et Sylvain et une fille, Gilberte, qui épousa Louis de la Brosse, seigneur du Poirier et mourut après 1634; Hugues ne semble pas s'être marié; Sylvain, seigneur de la Lande-Saulzay contracta vraisemblablement deux alliances: l’une avec Antoinette de Bar en 1605, et la deuxième avec Barthélemye de Muriat. Quant à Philippe il fut seigneur de l’Isle-sur-Arnon et de la Brosse; il épousa en premières noces Marguerite Morne, puis en deuxièmes noces, le 40 novembre 1635, Louise de la Châtre, fille de son voisin René de la Châtre, seigneur du Plaix. Sa résidence habituelle était son château de l'Isle. De ses deux femmes il n’eut point d’enfant, cependant aux actes de la paroisse, nous avons trouvé, à la date du 21 avril 1636, peu de temps après son second mariage, le baptême de Marie, fille de Philippe de Varie, seigneur de l'Isle et de Marie Allegret. Les mœurs étaient sans doute faciles à l’époque. Les frères de Philippe devaient habiter également l'Isle, car le 1er mai 1634, nous relevons le baptême de Hugues, fils de noble Sylvain de Varie et de demoiselle de Muriat. 

 Nous ne saurions déterminer d’une façon exacte à quelle époque les de Varie quittèrent l'Isle. Après eux, les représentants de deux illustres familles posséderont cette seigneurie, les Longueval et les Villeneuve Trans. Les différents manuscrits locaux, rapportent qu'à la mort de Philippe de Varie, le sieur de la Brosse fit l'acquisition de la seigneurie de l'Isle. Or, en 1648, nous voyons, dans les actes de la paroisse de Touchay, le baptême d'un enfant Bardelot dont est parrain "haut et puissant seigneur Charles de Longueval, écuyer, seigneur de la Brosse". L'acte ne donne pas le nom de seigneur de l'Isle au parrain, qui, probablement à cette époque, ne l'était déjà plus; mais l'étude de la généalogie de cette famille prouve, sans réplique, que Charles de Longueval posséda cette seigneurie. La maison de Longueval de Picardie était une des plus anciennes du royaume; elle portait bandé de vair et de gueules, depuis Walter de Longueval, surnommé le Dragon. Quelle que soit la date à laquelle l'Isle fut à Charles de Longueval, en 1644, le château appartenait à la famille de Villeneuve Trans. Un acte de baptême de cette date nous indique comme parrain d’un enfant "haut et puissant seigneur Messire Anthoine de Villeneuve, marquis de Trans, seigneur de l'Isle" et les différents textes s'accordent à dire que celte propriété commença en 1645. Cependant à la suite de l'acte de baptême que nous citons, nous lisons après la signature "Trans" celle de "Vary"; cette dernière famille était donc restée attachée au pays. Anthoine de Villeneuve, marquis de Trans, appartenait à une ancienne maison de Provence, dont l'origine remonterait à un cadet des comtes de Barcelone, rois d'Aragon. Anthoine de Villeneuve, marquis des Arcs, puis marquis de Trans, ayant d'abord eut l'idée de se faire recevoir chevalier de Malle, il abandonna ce projet et épousa, en 1624, demoiselle Gabrielle du Mas de Castellane, fille d'Alexandre du Mas, baron d'Allemagne et de Marthe d'Oraison. Anthoine de Villeneuve mourut en 1672 sans laisser d’enfants. 

 Les mémoires du temps disent que la veuve du marquis de Trans, Gabrielle du Mas de Castellane, n'ayant pas d'héritiers directs, vendit ou donna la seigneurie de l'Isle à Henry de Mosnier ou de Monnier. L'hypothèse de la donation n’est pas invraisemblable, car la famille de celui-ci n’était pas étrangère aux du Mas. La maison de Monnier, des seigneurs de Meslan ou de Chateaudreuil, était originaire de la ville de Moustier en Provence. Henry de Monnier avait épousé Catherine de Chaix, fille de Jean de Chaix, auditeur à la cour des comptes, et de Catherine de Bourdon, qui lui donna trois fils et une fille: Catherine, abbesse de Sainte-Catherine d'Apt; Nicolas, religieux réformé; Laurent Henri, officier d’infanterie, qui a laissé des enfants près de Courtenay où il s'était établi, au lieu dit Saint-Pierre. Enfin l'aîné était "Jean Louis de Monier Melan, seigneur de l'Ile en Berry". Il servit en qualité d'officier d’infanterie et épousa à Crest en Dauphiné Marie-Anne de Bruyère des seigneurs de Vaumon et de Chaleauvieux, dont il n'eut qu'une fille qui s’allia en 1795 à Jean-Joseph de Forges, seigneur de Rousset. En 1722 la terre de l'Isle fut acquise par messire Georges Gougenot, écuyer, secrétaire du roi, seigneur de Croissy, fils de Didier Gougenot (1642-1701). Il épousa Michèle Ferouillat et eut plusieurs enfants dont Catherine, née le 22 septembre 1715; Michelle Geneviève, née le 28 octobre 1716; Georges Jean, né le 24 septembre 1717; Louis, né le 13 mars 1719; Angélique Catherine, née le 7 février 1720; Georges, né le 13 juin 1721 et Antoine Pierre, né le 29 octobre 1724. Le nouveau seigneur de l'Isle habita certainement sa terre, avec sa famille, pendant les instants de loisir que lui laissaient ses occupations. Plusieurs appartements situés dans la partie du château que l'on nomme le Porche ou le Donjon, restaurés dans le goût de l’époque, avec des cheminées du style rocaille et chantourné, des boiseries Louis XV, des alcôves lambrissées, des portes à trumeaux, ont dû être aménagés par lui. 

 Sa présence est constatée à l'Isle Le 7 octobre 1739 et il signait en qualité de parrain au baptême du fils de son régisseur, Claude Cuisinier, homme important dans le pays, seigneur de Jarry et de Preugnes et plus tard directeur des Contrôles. La marraine est une fille du châtelain, Catherine Gougenot. En 1746, nous le voyons encore faire exécuter, par son régisseur, des réparations dans l’église de Touchay, à la chapelle de l'Isle dédiée à saint Marc "et après lesquelles, M. Demonville, supérieur du séminaire et vicaire général du diocèse leva l'interdit dont avait été frappée cette chapelle". Bien qu'il eut un régisseur, il ne négligeait pas ses affaires; on le retrouve soutenant et gagnant plusieurs procès relatifs à sa terre de l'Isle, devant le bailli de la baronnie de Linières qui le qualifie de "escuyer, seigneur de l'Isle sur Arnon, conseiller secrétaire du roy, maison couronne de France, pour son Altesse sérénissime, Monseigneur le Duc. Plusieurs de ces jugements ne furent rendus qu'après sa mort, et ne profitèrent qu’à ses descendants. Georges Gougenot devait mourir le 10 juin 1748, laissant la terre de l'Isle à ses enfants. Des trois fils de Georges Gougenot, Georges II ne semble pas avoir eu des intérêts en Berry; il fut nommé secrétaire du roi, seigneur de Croissy, épousa Marie-Angélique Véramy de Varennes, et créa une branche étrangère. Ce fut Antoine Pierre qui devint seigneur de l'Isle, il y habita avec son frère Louis, lequel dut hériter d'une partie de cette terre, car c’est au nom de ce dernier que se poursuivirent certains des procès commencés par son père. Un autre titre rattachait Louis Gougenot au Berry; il était abbé commandataire de Chezal-Benoît, couvent de Bénédictins. Ce n’était d’ailleurs pas un esprit ordinaire que l’abbé Louis Gougenot. Sa première éducation fut dirigée en vue de lui faire suivre la carrière de la magistrature. Il devint en effet conseiller au Châtelet, puis conseiller au Grand Conseil où il acquit bientôt la réputation d'un magistrat intègre, éclairé, exact et laborieux. 

 L'abbé Louis Gougenot mourut le 24 septembre 1767 à Paris où il fut inhumé dans la chapelle de la rue des Cordeliers. Antoine-Pierre Gougenot des Mousseaux, le châtelain de l'Isle, portait le titre de seigneur de l'Isle sur Arnon, Mallerays et autres lieux, il était conseiller du roi et fut nommé, en outre, sans doute à cause des services que son père avait rendus à ce prince, secrétaire des commandements de S. A. S. Monseigneur le prince de Condé. Il fit dresser par Claude Cuisinier, son intendant, comme celui-ci l'avait déjà été de son père, un terrier de la seigneurie de l'Isle qui englobait ou atteignait les localités de La Nouë, Les Mousseaux, Mallerays, Rezay, Les Forges et les Machounals, Les Jaux, Saint-Hilaire, Touché, Ids-Saint-Roch. Antoine-Pierre Gougenot des Mousseaux avait épousé Zénobie de Court qu'il laissa veuve en 1763 avec la charge de deux enfants mineurs: Adrien, né le 12 avril 1764 et Antoine, le 19 juillet 1762. Ce fut sa veuve qui dut administrer les biens de ses enfants, et c'est ainsi que nous la voyons, le 9 juillet 4777, nommer bailli de la justice de l'Isle et de Mallerays, Jean-Bapliste Durand, procureur à Linières, en considération de ses capacités supérieures et des services qu'il avait rendus à la famille. Adrien Gougenot, chevalier des Mousseaux, seigneur de l'Isle, Mallerays et autres lieux, devait être avant la Révolution le dernier châtelain de cette terre. Il n'avait d'ailleurs pas vingt-cinq ans, lorsqu’éclala la tourmente et il partit pour l'émigration en 1792. Il venait d’affermer la terre de l'Isle le 19 septembre 1789 au sieur Alloncle de Laumoy, mais le contrat ne put être mis à exécution, ses biens furent confisqués et la seigneurie, en exécution de la commission du district de Châteaumeillant, fut divisée par lots et mise en vente. Le château, y compris la réserve, fut adjugé le 24 ventôse, an II, au citoyen Étienne Boulié dont la famille l’a gardé jusqu'en 1859. 

 Éléments protégés MH : le château de l'Isle-sur-Arnon en totalité : inscription par arrêté du 24 février 1926. 

 château de l'Isle-sur-Arnon 18160 Touchay

   

 

Château de Jussy-Champagne

Une première reconstruction entre 1584 et 1591, est due à François de Gamaches, gentilhomme de la maison du roi, chef du parti royaliste en Berry pendant les guerres de Religion. Les travaux ont été interrompus à sa mort en 1591, alors que seule avait été construite la partie gauche du corps de logis, comprenant l'avant-corps central avec l'escalier, le haut pavillon et l'aile courte en retour. Claude de Gamaches son petit-fils, qui participa à la Fronde aux côtés de Condé, fit construire, en 1646-1648, par l'architecte berruyer Jean Lejuge, la partie droite du corps de logis et l'aile courte attenante, sur le modèle exact de la partie du XVIe, à l'exception du haut pavillon droit qui ne fut pas construit et sur l'emplacement duquel on éleva un bâtiment au XVIIIe siècle. Il fit compléter le château par les ailes à galeries qui bordent la cour, les deux pavillons carrés de chaque côté de l'entrée et un portail ouvert dans un mur portant une terrasse sur arcades. Une restauration générale a été réalisée en 1760 pour Philippe Labbe de Champgrand, acquéreur en 1759 : suppression des meneaux des fenêtres, dépose des couronnements des lucarnes, décoration des appartements du rez-de-chaussée, démolition du portail et de la terrasse d'entrée. Une nouvelle restauration a eu lieu en 1907-1910 : rétablissement des couronnements des lucarnes et croisillons des fenêtres du grand pavillon, reprise complète des maçonneries de l'aile gauche. Dans le parc, de chaque côté du pont au dessus des douves, deux sculptures en pierre représentant un lion couché encadrent cet unique accès à la cour centrale du château. Se substituant au parc XVIIe, le parc romantique agraire et paysager de Jussy a été conçu et exécuté, entre 1830 et 1850, à partir du projet de Paul de Lavennes, comte de Choulot, grand paysagiste, auteur de plus de 300 parcs en France et à l’étranger. Le dessin d’origine est conservé sur place. Soigneusement restaurées, ses allées romantiques s‘entrelaçant paresseusement, ses pelouses parsemées de bosquets, son grand canal et sa coulée bordée d’arbres centenaires enchanteront le visiteur. 

 Éléments protégés MH: les façades et les toitures du château : classement par arrêté du 16 septembre 1946. 

 château de Jussy 18130 Jussy-Champagne

   

 

Château de la Lande

De l'ancien château médiéval, détruit lors de la reconstruction de l'édifice moderne, a subsisté un terre-plein carré, bordé de douves, qui a conservé les bases talutées de deux tours d'angle au nord-est et au sud-est. La nouvelle demeure a été élevée à l'ouest de ce terre-plein, sans doute au début du XVIIIe siècle, selon un plan en U. Un corps de logis rectangulaire est flanqué au nord-est et au sud-est de deux ailes en retour d'équerre. En 1875, le corps central a été doublé en profondeur et deux pavillons ont été construits au nord-ouest et au sud-ouest, transformant ainsi un château ancien en une demeure plus fastueuse. Du XIXe siècle date aussi la construction de dépendances dans l'ancienne basse-cour du château. 

 Éléments protégés MH: la plate-forme du château et les douves. Dans l'ancienne basse-cour : les façades et les toitures des bâtiments subsistants de la ferme du XVIIIe siècle, à savoir l'ancienne maison du fermier, l'ancien bâtiment d'habitation et le petit édifice de plan circulaire élevé à l'angle sud, le bâtiment néo-classique, l'orangerie : inscription par arrêté du 24 février 1992. 

 château de la Lande 18360 Saulzais-le-Potier

  

 

Château de Lazenay

Exemple rare à Bourges d'architecture civile de la fin du XIIIe siècle ou du XIVe siècle. La construction du corps d'entrée, seul élément subsistant du domaine, avec un château reconstruit vers 1876, à l'emplacement d'un corps de logis bâti vers 1500 par Guillaume Compaing, peut être attribuée à un bourgeois de Bourges, Robert de Clamecy. En 1574 l'édifice devint la maison des champs du collège de Jésuites de Bourges jusqu'à la Révolution, époque à laquelle il fut vendu comme bien national. Au XXe siècle, il servit de maison de campagne à des séminaristes. De plan rectangulaire, le corps d'entrée se compose d'un porche carré et d'un bâtiment flanqué, au sud, d'une abside pour le four. A l'intérieur, traces de peintures murales conservées à l'étage, notamment une bordure peinte avec écus armoriés. 

 Éléments protégés MH: le corps de porche et le logis attenant; les vestiges des fossés : classement par arrêté du 10 février 1994, modifié par arrêté du 19 mai 1994. 

 château de Lazenay, rue de la Vernusse, 18000 Bourges 

Téléphone : 02 48 20 04 04

 

 

Château de Lauroy

La mention la plus ancienne de la seigneurie remonte à 1391. Le château fut vraisemblablement édifié à la fin du XVIIe siècle en remplacement d'un ancien bâtiment qui existait encore en 1618, avec fossés et pont-levis. Il se présente comme un corps de logis en briques, construit en rez de chaussée et combles. La partie centrale forme un corps de bâtiment surélevé d'un étage. Deux petites ailes en retour d'équerre sont accolées à la façade sud. Cette dernière a été habillée, au début du siècle, par une galerie fermée, bâtie dans le même style, destinée à distribuer les pièces du rez-de-chaussée. La façade nord conserve son aspect d'origine. A l'intérieur, quelques décors de boiseries sont conservés. La particularité de ce château est de n'avoir jamais subi les outrages de l'histoire mais aussi d'être toujours resté dans les mains d'une seule famille, de père en fils ou de mère en fille depuis plus de 300 ans. 

 Éléments protégés MH: la façade Nord-Est et la toiture : inscription par arrêté du 23 juillet 1981.

 château de Lauroy 18410 Clémont

  

 

hâteau de Lienesse

L'origine de la terre de Lienesse remonte au XIIe siècle. Le château se compose d'un ensemble de bâtiments construits à trois époques différentes. A la fin du XVe siècle, existait un bâtiment fortifié par deux tours aux angles et présentant une tour médiane servant de cage d'escalier. Au début du XVIe siècle, un bâtiment orné de sculptures Renaissance fut accolé au pignon sud de la première construction dont la tour d'angle sud-ouest est abattue. Le château a été entièrement restauré à la fin du XIXe siècle, sous la direction de l'architecture Camus. L'ensemble était composé d'une cour carrée bordée en partie par des courtines, le tout entouré de fossés dont il ne reste plus trace. Le logis de l'aile ouest est flanqué au nord et au sud de deux tourelles et, côté douves et cour, d'une galerie. Cette dernière est constituée, au premier étage, de trois travées rectangulaires limitées par quatre colonnettes prismatiques et torses, à chapiteaux carrés. Le colombier circulaire est orné, à sa partie supérieure, de deux rangs de cordons portant chacun trois fenêtres accostées de pilastres à chapiteaux variés (volutes, animaux, rinceaux...). A l'intérieur, des alvéoles en poterie servaient de nids. La charpente conserve encore l'échelle tournante.

 Éléments protégés MH: le pigeonnier : inscription par arrêté du 25 octobre 1971. 

 château de Lienesse 18600 Neuilly-en-Dun

  

 

Château de Lignières

Ce château a été construit à partir de 1654 par François Le Vau pour Jérôme de Nouveau, grand maître des postes et relais de France et financier parisien, sur les bases d'un château féodal abattu en 1653. Le corps de logis fut construit de 1654 à 1656. La galerie fut alors édifiée, et en 1660, celle des deux pavillons. Les plans des jardins furent établis par André Le Nôtre mais non réalisés. Les jardins furent conçus par le maître jardinier parisien Gabriel Thévenon, les canaux sont de Jérôme Drouard, gendre de Larivière, maître fontainier de Paris. Les travaux furent conduits par l'architecte Robert Geoffroy et par l'entrepreneur René Boissonnet qui, en 1665, travaillait encore aux basses-cours. 

 Éléments protégés MH: le château, ses dépendances (cour d'honneur, douves, bâtiments des communs) et le parc : classement par arrêté du 27 juin 1935. 

 château de Lignières 18160 Lignières

  

 

Château de la Maisonfort

Château médiéval reconstruit en 1586 pour le Maréchal de France, Claude II de La Châtre, chef de la Ligue en Berry dont le château devient le quartier général. Cette première campagne de travaux comprend la construction d'un pavillon, du corps de logis de la cuisine et d'une galerie. Après la paix, sont ajoutés un grand corps de logis et une aile à l'est. Le château actuel, privé de son système défensif, est constitué d'un grand corps de logis au sud, avec avant-corps central flanqué de deux ailes en retour d'équerre au nord. Au XIXe siècle probablement, la partie centrale aurait partiellement brûlé et les transformations des façades seraient la conséquence des restaurations. Les ailes ont conservé leurs lucarnes Renaissance. Les façades du pavillon d'angle sud-ouest ont conservé des murs médiévaux. Celles de l'aile orientale présentent un appareil mixte, brique et pierre, en damiers. La façade de l'avant-corps central sur le parc est revêtue d'un faux appareil de brique et pierre. Du décor intérieur datant de la construction subsistent des cheminées monumentales et une chambre au deuxième étage dont les murs sont ornés de scènes religieuses encadrées par des frises à décor floral. Le décor se compose également de lambris des XVIIIe et XIXe siècles. La bibliothèque s'orne également d'un papier peint de la fin du 18e siècle. Quelques éléments défensifs subsistent : tourelle en encorbellement ; tour polygonale de l'ancienne ferme. La Maisonfort offre le premier exemple dans la région de l'architecture militaire de la fin du XVIe siècle, avec abandon des ordres, simplification des couvertures, apparition de l'appareil polychromé. 

 Éléments protégés MH: le château, à l'exception des parties classées: inscription par arrêté du 26 janvier 1927. Le pavillon Renaissance situé à l'angle Sud-Ouest du château : classement par arrêté du 25 mars 1965. Les façades et les toitures (sauf celles du pavillon Renaissance déjà classé), les douves et leurs murs de soutènement, le sol de la cour d'honneur, les vestiges de l'enceinte du château, l'escalier tournant desservant la partie occidentale de l'édifice, la pièce dite du Chapelain, y compris son décor peint, située dans le comble de l'aile alignée Ouest du corps central, la bibliothèque, avec son décor, située au premier étage du pavillon du corps central : classement par arrêté du 13 septembre 1990.

 château de la Maisonfort 18310 Genouilly

  

 

Château de Maubranche

La seigneurie est connue depuis le XIIe siècle. Elle est vendue à Jacques Cœur en 1451. En 1470, le roi autorisa la construction d'une maison-forte comportant clôture, fossés, pont-levis, tours, archères, guérites, créneaux et fortifications. A la fin du XVIIIe siècle, le château formait un grand quadrilatère, privé de deux tours lors du siège de 1591. Le domaine a été restauré à partir de 1596, doté de cours d'eau aménagés, de terrasses plantées et d'avenues. Les projets de restauration présentés à la fin du XIXe siècle ne montrent plus qu'un grand corps de logis, les ailes ayant été détruites. Entre 1888 et 1914, d'importants travaux sont réalisés pour rendre la demeure plus confortable et la mettre au goût du jour, sous la conduite de l'architecte Paul-Ernest Sanson. Ce dernier restitue au château son caractère médiéval, altéré par les aménagements des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour le parc et les jardins, les paysagistes Henri et Achille Duchêne créent un jardin à la française avec un boulingrin qu'ils transformèrent peu après en un grand miroir d'eau, des parterres, un vaste tapis vert, un orgue d'eau. La basse-cour, au nord-ouest du château, est supprimée. De nouveaux communs ainsi qu'une installation d'élevage et une maison de garde sont construits à l'extrémité et de part et d'autre du grand tapis vert. Cette composition, qui part de la cour du château, se poursuit, encadrée de bois, jusqu'au sommet de la crête dominant la vallée. Sanson est également l'auteur de la porterie, de la maison du grand potager et de l'atelier de sculpteur de Félix de Chaumont-Quitry. Des oeuvres de ce dernier et de Marie-Antoinette Demagnez de la Rochefoucauld, ornent encore les jardins. 

 Éléments protégés MH: le château, ses communs, ses dépendances, ses jardins et son parc, situés au hameau de Maubranche: inscription par arrêté du 4 février 2013. 

 château de Maubranche 18390 Moulins-sur-Yèvre 

 

 

Château de Maupas

Le château de Maupas construit entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle, puis modifié entre le XVIIIe et le XIXe siècle, est aussi appelé "résidence de la duchesse de Berry". L’arrière petite fille d’Henri IV et mère du comte de Chambord y séjourna pendant les guerres de vendée. Le parc fut restauré au XXe siècle par Fernand Rollin, architecte-paysagiste de Bourges. Par une allée ombragée jusqu'à la cour d'honneur, l'accès mène aux parterres de broderie, aux motifs si différents les uns des autres... Propriété privée, dans la même famille depuis plus de 300 ans, le château de Maupas est surtout connu pour sa collection unique d’assiettes en faïence du XVIIe au XXe siècle, fabriquées dans les manufactures européennes ou rapportées de lointains voyages. Outre ses salons, sa chambre d'apparat avec sa salle de jeu et sa cuisine, il renferme des tapisseries des Gobelins et de nombreux souvenirs du Comte de Chambord. 

 Éléments protégés MH: l'escalier monumental en pierre du XVIIIe siècle, y compris sa rampe en bois du XIXe siècle, dans le pavillon sud : inscription par arrêté du 6 juillet 1992. 

 château de Maupas 18220 Morogues 

Téléphone : 02 48 64 41 71

   

 

Château de Mehun sur Yèvre

Ce château fort qui remonte au moins au XIIe siècle et appartenait à la famille de Courtenay. Il fut ensuite tenu par la maison d'Artois et divers princes de sang Royal. Il fut remodelé entre 1367 et 1390, pour le duc Jean de Berry, par l'architecte Guy de Dammartin pour en faire une résidence luxueuse. Jeanne d'Arc y vint à deux reprises, en octobre 1429, à la fin de la chevauchée du sacre et en décembre. C'est en ses murs que mourut le roi Charles VII, le 22 juillet 1461. Après la mort du souverain, l’évolution des manières de gouverner et l’avènement de nouveaux goûts artistiques, le château n’aura plus de réelle envergure artistico-politique. Attirée par les hauts toits pointus, la foudre s’abat à plusieurs reprises sur les bâtiments qui abordent le XVIIIe siècle sans toitures ni planchers. Les révolutionnaires vendent, en 1793, le site comme bien national à un démolisseur qui va exploiter, jusqu’en 1815, les bâtiments comme carrière de pierre. Le décor sculpté est dû aux ateliers d'André Beauneveu et de Jean de Cambrai. Le château est actuellement propriété de la commune, transformé en musée. 

 Les traces des trous de poteaux mis au jour dans les grandes caves du château montrent l’évolution des constructions de bois des ces époques. En bois, puis en pierre, construits sur le rocher puis perchés sur une motte, les premiers châteaux étaient défensifs et comprenaient des bâtiments à vocation agricole ou artisanale, sans jamais oublier l’identité même du château comme lieu de pouvoir et de justice. La tour reste en cela le symbole même du fief et la référence en matière de défense. Des tours carrées aux tours rondes, des tours de bois aux tours de pierre, Mehun est l’exemple même du site en constante évolution, de son adaptation aux modes des différentes époques et aux nécessités militaires. Les murs encore en élévation montrent un enchevêtrement et une superposition des constructions bien plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. La tour qui se dresse et qui domine la ville permet de comprendre deux grandes étapes de construction du monument. Sa forme circulaire, son organisation primitive lisible dans la première salle, indiquent une construction de la fin du XIIe siècle, voire du tout début du XIIIe siècle. Cette tour maîtresse, appelée donjon dans nos livres d’école, était à la mode de son temps et adaptée à résister aux nouvelles techniques de siège utilisées alors. De cette époque, il nous reste cette puissante coque circulaire assise sur un tronc de cône massif en blocage de pierres et la première salle avec les restes de l’escalier intérieur aux murs, le puits (certainement inachevé) et le four, voire l’oculus de communication entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Les belles fenêtres gothiques à meneaux géminés, le couronnement de mâchicoulis avec ses corbeaux supports ornés de feuillages, les hautes salles voûtées et les cheminées (restaurées) appartiennent à la résidence de Jean de Berry construite à la fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle. Les frères de Dammartin, architectes, André Beauneveu de Valenciennes, et vraisemblablement Jean de Cambrais, maîtres sculpteurs, ont œuvré à l’ordonnancement des bâtiments et aux riches décors des appartements, de la salle d’apparat et surtout de la chapelle. Des superstructures en dentelles de pierre couronnaient les terrasses des tours, en rappelant les remplages sculptés des baies de la chapelle, comme autant de lanternes de verre et de lumière. Cette résidence, telle une châsse richement ornée et dorée dans ses faîtages renfermait des collections et des œuvres incommensurables auxquelles s’ajoutaient un cabinet de curiosité, une bibliothèque et une ménagerie. 

 Éléments protégés MH: le château en totalité : classement par liste de 1840. 

 château fort de Mehun sur Yèvre 18500 Mehun-sur-Yèvre 

Téléphone : 02 48 57 00 71

  

 

Château de Meillant

Ce château est attesté dès le XIe siècle. Il fut reconstruit à la limite des XIIIe et XIVe siècles. Entre 1460 et 1510 furent édifiés le corps de logis central et la tour des Cerfs, puis la tour du Lion, et enfin la chapelle vers 1510 pour Charles 1er d'Amboise et son fils Charles II qui dirigèrent les travaux. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la galerie nord disparut et un étage fut supprimé. En 1842, fut entreprise la restauration du château, toitures, sculpture des façades, chemin de ronde et étages de certains bâtiments, réalisée par l'architecte Louis Lenormand. Beaucoup de propriétaires se sont succédés, parmi lesquels le duc de Charost, créateur du canal de Berry qui fut vénéré par la population locale. Il était tellement apprécié que pendant la Révolution, alors qu'il était emprisonné à Bourges, puis transféré à Paris pour être guillotiné, la population de Meillant et de ses environs a exigé sa libération. Tout le Berry s'était mobilisé pour obtenir son retour au château, ceci explique pourquoi l'édifice n'a pas été endommagé. Le château fut transmis par mariage à la famille Rochechouart de Mortemart, qui le possède toujours de nos jours. La famille Rochechouart de Mortemart est une des plus anciennes familles de France. Pour l'anecdote, Mme de Montespan, maîtresse de Louis XIV, était une Mortemart. Le parc clos du château de Meillant offre une promenade à la fois champêtre, culturelle, historique et ludique... 

 Éléments protégés MH: le château, à l'exception des parties classées : inscription par arrêté du 2 mars 1926. Les façades et les toitures : classement par arrêté du 4 avril 1963. 

 château de Meillant 18200 Meillant 

Téléphone : 02 48 63 32 05 

 

 

Château de Menetou Couture

Au milieu du village, au sein d'un parc aux arbres centenaires, le donjon, pièce maîtresse du château de Menetou Couture dresse son imposante silhouette à plus de trente mètres au-dessus du Val d'Aubois. Un rare exemple de l’architecture de la fin du Moyen Age. Dans un parc aux arbres centenaires, l’imposant donjon du XVe siècle domine la vallée de Germigny, habitation seigneuriale militaire “miraculeusement épargnée” par les transformations de la Renaissance, elle aurait été, selon la légende, habitée quelques jours par le roi Henri IV. L'édifice a conservé une remarquable charpente en forme de nef de bateau et des cheminées monumentales. Ce monument historique, classé en 1917, a été édifié selon des plans couramment utilisés en Bourbonnais. Le donjon et le parc du château s’offrent au visiteur, au rythme d’une visite guidée par la propriétaire des lieux ou un membre de sa famille. 

 Éléments protégés MH: le donjon: classement par décret du 30 octobre 1917. Les façades et les toitures des deux constructions couvertes d'un toit brisé adossées au donjon au milieu du XVIIIe siècle, de l'ancienne tour d'angle circulaire et du logis actuel, attenant à la tour d'angle, y compris la tour d'escalier : inscription par arrêté du 6 juillet 1992. 

 château de Menetou Couture 18320 Menetou Couture 

Téléphone : 02 48 80 25 08

   

 

Château de Menetou Salon

La seigneurie est mentionnée pour la première fois au XIe siècle. Une forteresse dut être élevée au XIIIe ou XIVe siècle, à l'emplacement du château actuel. Confisquée et démembrée à la Révolution, la terre de Menetou fut reconstituée sous la Restauration. Le château fut reconstruit dans le style néo-gothique par l'architecte Paul Ernest Sanson, de 1884 à 1890. Cette campagne de travaux toucha les élévations sud et est. Les parties ouest et nord conservèrent un aspect classique. L'architecte s'inspira de l'hôtel Jacques Coeur à Bourges. Cette architecture pastiche présente un décor sculpté dû à Antoine Margotin auquel s'ajoutent des éléments de l'ancien château. La visite des lieux permet de découvrir une demeure princière datant du XIXe siècle et le musée hippomobile et automobile, une sellerie d’apparat et un jardin labyrinthe miniature. 

 Éléments protégés MH: les façades et les toitures du château, le vestibule d'entrée, l'escalier monumental en pierre, la grande salle à manger, la grande bibliothèque, la salle d'attente, le petit salon, le grand salon et la chapelle : inscription par arrêté du 16 juin 1989. 

 château de Menetou Salon 18510 Menetou Salon 

Télépphone : 02 48 64 80 16