Château de Maisonseule
Situé
près de la ville de Lamastre, à 850 mètres d’altitude, Maisonseule
domine la région et de sa terrasse on jouit d’une des plus belles et
plus intéressantes vues du Vivarais. Nous empruntons en partie à M.
Régis Tartary la pittoresque description qui va suivre. "Les spécimens
de forteresses militaires des temps passés deviennent de plus en plus
rares. L’œuvre du temps, ce grand destructeur de toutes choses, et la
pioche inintelligente des démolisseurs ont bientôt fait disparaître ces
témoins si intéressants. On aime à voir, au coucher du soleil, la
silhouette des vieux manoirs et la frondaison des grands arbres se
détacher sur le ciel, une tour en ruines se dresse altière ou bien
campée au milieu d’un site pittoresque. Ces pans de murs portent en eux
l’empreinte de tout un passé que l’on imagine volontiers mystérieux, et
où chaque génération disparue a laissé sur les murs un peu d’elle-même.
Le château de Maisonseule, dans le Haut Vivarais, est un exemple de ces
vieilles demeures féodales construites pour la défense, modifiées par la
nécessité des temps, mais ayant conservé dans l’ensemble, l’aspect
imposant de la destination primitive. Le château de Maisonseule, près de
la ville de Lamastre et non loin de l’église de Saint-Basile, sur une
croupe dominant toute la vallée du Doux. Le panorama que l’on découvre
des terrasses qui ceinturent le vieux manoir, est un des plus
remarquables de notre beau Vivarais. Au couchant, nous apercevons,
dessinée sur l’horizon, la silhouette du Gerbier-des-Joncs, le massif du
Mézenc et d’autres pics de cette région volcanique. A nos pieds se
déroule la vallée de Sumène, dans laquelle on aperçoit le tracé sinueux
de la voie ferrée qui relie la vallée du Doux à celle de l’Erieux, en
passant sur le col des Nonnières.
De la terrasse du nord, la vue s’étend jusqu’à Saint-Agrève,
Saint-Jeure-d'Andance et les montagnes de Saint-Bonnet. On domine la
vallée du Doux depuis le confluent de la Sumène jusque vers Rochepaule.
On distingue très bien les châ teaux de Bel-Air et du Verger, des
multitudes de mas éparpillés aux flancs des montagnes parmi les pins
noirs, les champs de seigle ét les châtaigneraies. Puis viennent les
ruines de Rochebloine, la montagne du Sargier, et au-dessous le massif
de Pecheylard qui est bien rapetissé à côté des montagnes voisines. Plus
à droite, de la belle terrasse qui domine les anciens jardins, la vue
s’étend par l’échancrure de la vallée du Doux jusqu’aux montagnes du
Dauphiné, au-dessus de Saint-Donat. Beaucoup plus près, nous découvrons
les clochers d’Empurany, d’Arlebosc, d’Etables, de Lemps, le massif
gueissique de Gilhac, les bois du château d'Urbillac et en fin le Serre
de la Roue. Nous voyons par cette description l’importance stratégique
de cette position. Les signaux de la vallée du Rhône pouvaient être
transmis avec rapidité jusqu’au pays d’Auvergne et de là vers le Nord.
On peut donc supposer, avec assez de certitude, que Maisonseule a dû
avoir une certaine importance comme poste d’observation à l’époque
gallo-romaine et plus tard sous la domination des premiers comtes de
Valentinois. Cette demeure primitive, Domus sola, poste d’observation,
villa gallo-romaine, mai son forte ensuite, a dû être détruite puis
reconstruite au XIIIe siècle. Cet édifice de forme rectangulaire,
mesurant, hors d’œuvre, 12 mètres de longueur sur 9 mètres de largeur, a
des murs de 1,50 mètre d’épaisseur. (1)
La pièce essentielle est le donjon entouré sur deux de ses faces d'une
véritable ceinture de bâtiments dont les mâchicoulis d'un chemin de
ronde primitif, rompu en plusieurs endroits, atteignent près de cent
mètres de longueur. Ce donjon "de Saint Louis" remonterait au XIIIe
siècle. Au rez-de-chaussée, une voûte en berceau forme une cave occupant
tout l’espace. Il n’y avait point d’escalier. Les donjons servaient de
refuge et on accédait aux étages supérieurs par des échelles. Les
défenseurs gagnaient successivement les étages supérieurs et ne se
rendaient qu’à la dernière extrémité. L’étage supérieur est couronné
d’une plate-forme crénelée, avec chemin de ronde et quatre tourelles ou
échauguettes aux quatre angles, dont une subsiste encore à l’angle de la
cour intérieure. Du XIIIe siècle, il servira de garnison jusqu'au XVIe
siècle où il est transformé en résidence. Les plus anciens seigneurs
connus sont les Sahune, au XIVe siècle l'héritière de Balthazard de
Sahune est sa fille, Phélise d'Asséné, dame de Maisonseule, qui épouse
Guillaume de La Gruterie en 1550. En 1551, Alexandre de Maisonseule,
époux d'Antoinette de la Mothe-Brion, y ajouta des fenêtres à meneaux et
des cheminées Renaissance, et transforma les archères en meurtrières à
couleuvrines, par adjonction d'ouvertures cylindriques au bas des
archères. À l'origine une aile enveloppante, aujourd'hui en mauvais
état, fut construite au nord et poursuivie ultérieurement. En 1624, Jean
de Maisonseule, époux de Judith de la Tour-Gouvernet, fille cadette de
la "belle Paule de Chambaud" remariée à Claude de Hautefort-Lestrange
apporta embellissements et confort au château: larges baies à double
meneaux, escalier de refend, cheminées monumentales sous plafonds
français peints. Maisonseule revint aux Chevrier, et en 1759 au marquis
de Grollier qui fut guillotiné en 1793 et le château vendu comme bien
national. En 1820, l'abbé Furster en fait un établissement
d'enseignement (Congrégation des Basiliens). Après avoir abrité une
colonie de vacances, il a été laissé à l'abandon avant d'être acquis et
restauré par M. Yves Lecoq. Une étude héraldique sur les nombreux
écussons groupés en frise: Maisonseule, la Gruterie, Sahune, Chambaud,
etc. permettrait l'identification des anciens écussons.
Éléments protégés MH: les façades et les toitures du château : inscription par arrêté du 21 mars 1983.
château de Maisonseule 07270 Saint-Basile
Téléphone : 04 75 06 49 06
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