Château de Montségur
Sur
le pog de Montégur ont été relevés des témoignages d'occupation
préhistorique (âge du Bronze final, de la Tène III et du Bas Empire)
ainsi que les traces de trois occupations médiévales successives dont un
premier château féodal disparu, déjà en ruines au début du XIIIe
siècle. Réédifié en 1204 à la demande de parfaits cathares, il est
associé à un village fortifié (castrum). Après la reddition de 1244, le
château est reconstruit au cours de la deuxième moitié du XIIIe siècle.
Le castrum de Montségur a abrité, à partir de 1232, la haute hiérarchie
de l'église cathare. En 1243, Montségur fut assiégé pendant dix mois par
une armée de dix mille hommes dirigée par le Sénéchal de Carcassonne et
l'Evêque de Narbonne. Après la prise du Roc de la Tour, l'assaillant
investit la montagne et prépara le siège qui eut lieu en 1244. Au moment
du siège, 500 personnes environ vivaient au sommet du pog. Après la
reddition du château par le seigneur du lieu, le 16 mars 1244, 225
parfaits et parfaites périrent sur le bûcher installé dans un champ au
pied du château (dit "champ des Cremats"). Cette tragédie marqua la fin
du mouvement cathare dans le Midi de la France. En 1968, a été mis en
place un important programme de fouilles qui ont porté sur le château
lui-même et ses abords, l'agglomération du village, les postes de
défense avancés. Cette recherche, libérée du contexte mystique qui
entoure le site, a permis d'acquérir deux certitudes : d'une part, en
1244, la population assiégée ne vivait pas dans le château mais dans le
castrum (village fortifié), et d'autre part, l'actuel logis-donjon est
postérieur à l'occupation cathare. Il peut être daté de la deuxième
moitié du XIIIe siècle, il correspond à une phase Montségur III.
Reconstruit probablement par les seigneurs de Lévis, pour abriter une
garnison, il rentre alors dans le réseau des fortifications mises en
place par l'administration royale pour la défense de la frontière sud du
royaume de France (telles Peyrepertuse, Puylaurens, Queribus,
Aguilar...). Son édification a nécessité le réaménagement de la
plate-forme sommitale où des remblais ont été aménagés avant l'élévation
des murailles. Ces mesures ont bouleversé les structures antérieures.
On est passé d'un castrum féodal à une forteresse militaire avec un
ensemble de bâtiments bien disposés autour d'une cour centrale. Sa
construction témoigne d'un grand savoir-faire en matière d'architecture
militaire : les archères, à étrier (base triangulaire) ou à "bèche"
(type rencontré sur les constructions royales dans le sud de la France),
sont datables du deuxième tiers du XIIIe siècle. La défense était
complétée par les hourds en bois placés sur le couronnement du donjon et
du mur-bouclier qui faisait face à la dépression rocheuse située à
l'est du château. Hourds et archères permettaient des tirs superposés,
pour mieux protéger la base des murs. On suppose que le château a été
par la suite progressivement délaissé après l'union du Comté de Foix à
la France.
Au XIXe siècle, ses murailles ont servi de carrière de pierre : la
collecte de pierre de parement a occasionné notamment le délabrement des
archères. Pendant la reconstruction du château et l'occupation
postérieure du site, l'ancien village cathare a été utilisé comme
décharge. Le mobilier exhumé est très difficile à dater à cause de
l'enchevêtrement des couches archéologiques du sol. Dans les remblais,
au pied des murailles, ont été trouvés des éléments de construction
(clouterie, fragments de tuiles, de carreaux de dallage), de la
céramique, de nombreuses monnaies, ainsi qu'un très grand nombre de
boulets de pierre datant du siège de 1244. Les fouilles réalisées sur
les versants nord-ouest et ouest ont permis de dégager l'agglomération
médiévale, entourée d'une enceinte, qui se développait autour et en
contrebas de l'actuel donjon. Bien que ce fut une occupation temporaire,
elle était parfaitement adaptée au relief calcaire, avec ses murs en
pierre sèche, ses terrassements utilisant au mieux les barres rocheuses.
A l'extérieur de l'enceinte se trouvaient un chemin protégé avec lices,
peut-être avec fossé sec, et deux ouvrages de défense avancés
(barbacane et poste de guet) qui protégeaient le château et la partie
principale du village du reste de la montagne. Des citernes collectrices
d'eau pluviale assuraient l'alimentation en eau. La roche a été aplanie
pour rendre les sols praticables et tout un réseau de communication a
pu être mis en évidence : passages (via, carriera), escaliers de pierre,
cheminements (sur remblais, murs de soutènements). Ces ruelles
permettaient l'accès aux logis ainsi qu'aux dépendances (magasins,
réserves...). Les maisons présentaient une architecture de pierre et de
bois : il s'agissait sans doute de logis rudimentaires aux toits
recouverts de matériaux périssables. Les documents témoignent d'une
activité commerçante. Les vestiges ont démontré que les habitants
pratiquaient aussi une activité agro-pastorale.
Le pog ou pech de Montségur est un relief calcaire culminant à 1207
mèètres, à la fois érigé et massif, curieusement isolé au milieu d'une
vallée d'origine glacière. Excepté le versant méridional orienté vers le
village actuel de Montségur, tous ses autres versants sont très
escarpés. Au sommet du pog, les vestiges de la forteresse présentent, du
nord-ouest à l'est, un donjon rectangulaire (20 m X 9 m) auquel est
soudée une enceinte oblongue ayant la forme d'un polygone irrégulier (80
m X 25 m environ). Cette courtine se termine à l'est par un
"mur-bouclier" dont le crénelage a disparu. Mais les corbeaux extérieurs
sont les témoins en place de l'ancien hourdage, construit très en
surplomb pour concentrer le tir au-dessus de cette zone fragile. Une
passerelle moderne permet d'accéder à la cour intérieure par la porte
sud, protégée par un assommoir. On retrouve dans le château les vestiges
de sept archères, cinq dans les murs de la salle basse du donjon (mur
nord, mur est et mur sud) et deux au sommet du mur-bouclier. Ces
archères, destinées au tir à l'arc ou à l'arbalète, comportent une fente
droite à ébrasure triangulaire ou étrier, ou une extrémité à "bèche"
c'est-à-dire à évasement à la base. Il n'y a pas de trace de
fortifications rajoutées sur le contour actuel du château de Montségur :
il s'agit d'un ensemble cohérent, homogène, en moyen appareil lisse,
qui répond à un seul et même plan de construction. Les vestiges du
village s'étagent au pied du château actuel, sur ses versants nord-ouest
et nord.
Éléments protégés MH: les ruines du
château : classement par liste de 1862. Les vestiges archéologiques se
trouvant sur le Pog de Montségur, constitué par le village au pied du
château, les lignes de défense situées sur les versants Nord et Sud, le
poste de guet du Roc de la Tour : classement par arrêté du 3 mars 1989.
château de Montségur 09300 Montségur
Téléphone : 05 61 01 06 94
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