Château d'Entraygues
Le
premier château est sans doute le "castrum" mentionné dans la première
moitié du XIe siècle par le "Livre des miracles de sainte Foy" : son
emplacement ne serait pas celui du château bâti par le comte de Rodez
Henri II sur le terroir du Pla acheté en 1278. Les informations dont
nous disposons paraissent cependant contradictoires : la salle comtale
aurait été bâtie sur l'emplacement d'un ancien donjon et se trouverait
pourtant dans le château construit par Henri II. De fait la tour
orientale, la tour Farnal, pourrait en grande partie dater de la seconde
moitié du XIIe siècle : l'achat du Pla en 1278 aurait donc permis
d'agrandir l'édifice à partir de constructions existantes. La tour
ouest, appelée "tour Panadèse" du nom des Panat, coseigneurs
d'Entraygues auxquels elle appartenait, conserve une élévation en pierre
de taille qui peut appartenir au XIIIe siècle. Le nouveau château
serait achevé en 1290, et c'est dans l'escalier qu'est rédigée en 1292
la charte de franchises d'Entraygues. Le seul vestige de ce corps de
logis serait son angle sud-est, où apparaît encore à l'étage le piédroit
d'une porte. L'édifice a fait l'objet d'un dessin en 1555 et d'une
description au XVIIIe siècle, dans lesquels on peine à retrouver la
construction qui nous est parvenue. Des lettres royales de 1379
ordonnent le rétablissement des "bastons et pannonceaux" du comte
d'Armagnac, qui avaient été remplacés par ceux du roi. La ville est
prise par les protestants en 1588, et le château est incendié,
provoquant la destruction de l'une des tours. Puis en 1604, c'est un
arrêt du Parlement qui ordonne la confiscation des biens de noble
Raymond de Vialar, seigneur d'Entraygues, et la destruction du château
qui est rasé à l'exception des deux tours. Après une longue procédure,
Raymond de Montvallat obtient du roi, en 1624, de rentrer en possession
de la seigneurie d'Entraygues qu'il tenait de sa mère Paule de Vialar.
Le château est reconstruit par Henri II de Montvallat de 1654 à 1656,
date inscrite sur la porte du corps de logis. Les Montvallat restent
seigneurs et comtes d'Entraygues jusqu'à la Révolution. En 1781, le
château, qui n'est plus habité que par le concierge, comprend grange,
basse-cour et jardin ; à la Révolution, il est vendu comme bien national
en deux lots acquis par Rigal et Boubal, celui-ci mutilant les
armoiries de la ville et du comte qui se trouvaient sur la porte.
Le château comptait trois tours : la tour Farnal, à l'est, et la tour
Panadèse, à l'ouest, et une troisième démolie au XVIe siècle,
correspondant à trois coseigneurs. La tour Farnal, peut-être le donjon
des comtes de Rodez, est bâtie en moellons équarris régulièrement
assisés ; elle conserve dans son élévation nord, au premier étage, une
porte couverte d'un arc dont le tracé est proche du plein-cintre, et un
baie en fente sous un arc en plein-cintre dans son élévation sud. La
tour Panadèse, des seigneurs de Panat, a été en grande partie
reconstruite (c'est peut-être la tour détruite par l'incendie de 1588) :
elle conserve une partie de son élévation nord, en pierre de taille,
avec une porte à arc brisé et tore sur l'angle, et dans son élévation
ouest, à l'étage, le piédroit et le départ de l'arc d'une autre baie.
Les consoles des mâchicoulis disparus qui couronnent les deux tours sont
peut-être tardives. Du logis médiéval, où se trouvait sans doute la
salle comtale, ne semble subsister que l'angle sud-est. Sur la cour, la
porte de 1656 est à bossages et entablement à métopes et triglyphes sous
un fronton brisé triangulaire.
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