Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

lundi 23 juin 2025

Châteaux à LES ANDELYS Château Gaillard


 Chemin de Château Gaillard

27700 LES ANDELYS :
Dans la vallée de la Seine, visitez la majestueuse forteresse du roi Richard Cœur de Lion.
Aux Andelys, entre Paris et Rouen, Château Gaillard domine l’une des plus belles boucles de la Seine.
Construit par Richard Cœur de Lion en 1198, il barrait la Seine en amont de Rouen pour protéger le duché de Normandie. Après la mort de Richard en 1199, son frère, Jean sans Terre en hérite. Mais en 1204, Philippe Auguste s’en empare, marquant ainsi le rattachement de la Normandie au Royaume de France.
Aujourd’hui, du haut de ce site, profitez du somptueux panorama sur la vallée de la Seine. Construit en un temps record, Richard Cœur de Lion, fier de son œuvre se serait exclamé “Qu’elle est belle, ma fille d’un an ! Que voilà un château gaillard ! »

Le site est situé sur un éperon rocheux et les chemins d’accès sont accidentés. L’accès peut s’avérer difficile. Soyez vigilants lors de vos déplacements.
Le site n’est pas accessible aux PMR et aux poussettes.

La Haute Cour de la forteresse n’est pas accessible aux animaux à l’exception des chiens d’assistance.
Cependant, les chiens sont autorisés à l’extérieur du château, sous la responsabilité de leur maître et tenus en laisse.

Le donjon et la cour intérieure sont fermés au public pendant la période hivernale, mais la Basse Cour demeure accessible toute l’année.

Pour toute demande de groupe merci de contacter le service commercialisation à l’adresse groupes@tourisme.sna27.fr

Thématique régionaleChâteau-Gaillard est un château fort construit à la fin du XIIᵉ siècle, aujourd'hui en ruine, dont les vestiges se dressent sur la commune française des Andelys au cœur du Vexin normand, dans le département de l'Eure, en région Normandie.Château-Gaillard est un château fort construit à la fin du XIIe siècle, aujourd'hui en ruine, dont les vestiges se dressent sur la commune française des Andelys au cœur du Vexin normand, dans le département de l'Eure, en région Normandie.

Sa construction par le roi d'Angleterre et duc de Normandie, Richard Cœur de Lion, s'inscrit dans la lutte que se livrent, depuis les années 1060, les rois de France et les rois d'Angleterre, alors ducs de Normandie. La place verrouillait, avec d'autres châteaux et ouvrages fortifiés, la vallée de la Seine. Sa prise en 1204[1], annonce la perte de la Normandie et la fin de l'empire Plantagenêt[2].

Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862. Diverses parcelles de terrain attenantes ont également été classées en 1926, 1927 et 1928[3].

Localisation

Les ruines de Château-Gaillard sont situées sur une falaise de calcaire dominant un grand méandre de la Seine et le bourg des Andelys, dans le département français de l'Eure, en France. Son altitude est environ de 90 à 100 mètres.

Historique

Contexte de la construction

Le château, vu de la Seine, logis (à gauche) et donjon.

La construction de la forteresse s'inscrit dans la lutte que se livrent depuis les années 1060 les rois de France et les rois d'Angleterre, alors ducs de Normandie. À cela s'ajoute un conflit personnel entre Richard Ier dit Richard Cœur de Lion et le roi des Francs Philippe Auguste. En 1189, Richard Cœur de Lion hérite des biens et possessions territoriales de son père Henri II Plantagenêt, partagés entre l'actuel territoire français et l'Angleterre. Le roi Philippe Auguste, jusque-là allié de Richard, s'éloigne peu à peu de lui, jusqu'à ce qu'ils se vouent mutuellement une haine féroce après la captivité de Richard. Auparavant, ils se sont encore mis en route ensemble dès l'hiver 1190-1191 pour participer à la troisième croisade en Terre sainte.

Cependant, après quelques mois passés en Terre sainte, Philippe Auguste regagne son royaume et profite de l'absence de Richard pour entamer la conquête du duché de Normandie avec la complicité passive du propre frère de Richard, Jean sans Terre. Dès son retour, Richard entreprend avec énergie de récupérer la suprématie sur la frontière orientale de son duché de Normandie. En 1194, après avoir battu l'armée du Capétien à Fréteval près de Vendôme, le roi d'Angleterre conclut avec ce dernier le traité d'Issoudun selon lequel il entérine la concession de GisorsGaillon et Vernon que son frère Jean sans Terre avait déjà perdues lors de son absence. La cession de ces trois places au roi de France fragilise la frontière orientale du duché de Normandie marquée par l'Epte et, partant, Rouen, sa capitale, qui se trouve directement menacée. En effet, Rouen était à l'époque la seconde ville la plus importante sur le territoire de la France actuelle.

Richard décide alors de construire en avant de Rouen, une grande forteresse pour barrer la rive droite de la vallée de la Seine et interdire le passage par voie fluviale. Il choisit la couture d'Andely entre Vernon et Rouen, située à l'extrémité d'un important méandre du fleuve. L'ensemble du complexe fortifié coûte 46 000 livres soit l'équivalent de cinq années de revenus du duché, épuisant les ressources de l'État Plantagenêt[4]. Pour verrouiller la vallée de la Seine, outre la construction de Château-Gaillard, Richard fonde le bourg du Petit-Andely, fortifie l'île située au milieu du fleuve et barre le cours de celui-ci[5].

Vue panoramique de la forteresse.

Un château né d'une usurpation et d'une infraction

 A

ndelys par Richard pose un double problème : d'une part, le lieu est à l'époque, propriété de l'archevêque de Rouen Gautier de Coutances ; d'autre part, le duc n'a pas le droit de fortifier l'endroit selon les termes du traité de Gaillon de 1196. Cependant, il n'a pas le choix s'il veut défendre la vallée de la Seine, il passe donc outre. Ceci lui vaut les foudres de l'archevêque Gautier qui jette l'interdit sur la Normandie[note 1], jusqu'à ce qu'un compromis soit enfin trouvé en  : Richard offre au prélat plusieurs terres ducales en échange de la possession des Andelys[6], dont Bouteilles, Dieppe[7] et son port source d'importants revenus. Cet échange est particulièrement favorable à l'Église.

Le siège de Château-Gaillard

Donjon, côté Seine.

La Philippide, œuvre de Guillaume le Breton, est la principale source sur cet événement majeur dans l'histoire du château. Après la mort de Richard Cœur de Lion en , son jeune frère Jean sans Terre lui succède sur le trône ducal. Philippe Auguste profite de cette succession pour relancer la conquête du duché de Normandie. Sous la pression du légat Pierre de Capoue, le roi conclut un traité de paix le , connu sous le nom de traité du Goulet. Philippe Auguste conserve ses dernières conquêtes, notamment le Vexin normand, à l'exception de Château-Gaillard. Cette paix est rompue en 1202. Le roi reprend l'offensive et en , il s'empare de l'île d'Andely (avec son fort) et du bourg de la Couture, abandonné par sa population. L'estacade est détruite, rendant la navigation sur la Seine possible.

Plus loin, les Anglo-Normands abandonnent sans combat le château du Vaudreuil, puis c'est au tour du château de Radepont de tomber. La route de Rouen est alors ouverte pour les Français. Ainsi, quand en septembre, Philippe entreprend le siège du château[8], la forteresse n'a plus guère d'intérêt stratégique, même si elle reste pour les Normands un symbole important. Elle l'est tout autant pour le roi de France qui comprend (c'est le château de Richard Cœur de Lion) la nécessité de l'abattre[9].

Philippe Auguste entoure la forteresse d'un double fossé de circonvallation qu'il hérisse de 14 beffrois. Mais conscient du caractère redoutable de la forteresse, le roi de France compte surtout sur un blocus qui affamera la garnison et la population retranchées à l'intérieur pour soumettre Château-Gaillard. Roger de Lacy commande la garnison et se montre prêt à résister le temps qu'une armée de secours envoyée par Jean sans Terre le débloque. Pour préserver les vivres, les 1 200 habitants de La Couture (Petit Andely), qui avaient trouvé refuge dans le château, en sont chassés en décembre. Après avoir laissé passer la plus grande partie, les assiégeants français repoussèrent le reste. Plusieurs centaines d'entre eux, tassés dans la deuxième enceinte, exposés au froid de l'hiver, mouraient de faim. C'est ainsi qu'ils furent représentés dans le sinistre tableau Les Bouches Inutiles, peint par Tattegrain en 1894[note 2],[10]. Finalement, les Français les laissèrent passer et ils se dispersèrent.

Mais ce n'est pas la famine qui assure au roi de France la prise de Château-Gaillard. Il tire parti des « erreurs dans la conception même de la forteresse, qui vont apparaître au fur et à mesure de la progression de l'assaut »[11]. Les Français attaquent d'abord la grosse tour qui domine l'ouvrage avancé. Son écroulement oblige les défenseurs à se replier dans le château proprement dit.

Vue du château côté falaise, avec, à l'extrême gauche au fond, un pan de mur de la « tour des latrines » et à côté à droite, courtine, puis fenêtres de la chapelle percées dans le mur.

La légende voudrait que les Français soient entrés dans la basse-cour par les latrines ; Adolphe Poignant (XIXe siècle) raconte que ce sont les troupes de Lambert Cadoc qui l'ont prise d'assaut, une nuit. Cependant, à la lumière du récit de Guillaume le Breton, ils se seraient introduits en réalité par l'une des fenêtres basses de la chapelle que Jean sans Terre avait fait construire bien mal à propos. La légende des latrines est encore reprise en tant qu'histoire vraie aujourd'hui par diverses sources peu spécialisées, comme des ouvrages de vulgarisation ou des sites internet. Cette histoire aurait été inventée après les faits, car elle frappe l'imagination en introduisant du cocasse dans une situation dramatique et, surtout, parce que la vérité est quelque peu embarrassante pour l'image de la monarchie de droit divin, une chapelle étant normalement un sanctuaire inviolable.

Autre image représentant la « tour des latrines » à droite au fond et la chapelle à gauche, vue de la basse-cour.

Après avoir pénétré dans la chapelle, les assaillants débouchent alors dans la basse-cour tandis que les défenseurs s'enferment dans le donjon. Mais comme un pont dormant relie la basse-cour au donjon, les mineurs français n'ont pas de grandes difficultés à s'approcher de la porte. Un engin de jet l'enfonce finalement[11]. La garnison comprenant 36 chevaliers et 117 sergents ou arbalétriers se rend le . Le siège aura coûté la vie à quatre chevaliers[12]Lambert Cadoc, chef mercenaire de Philippe Auguste, fut l'un des grands artisans de cette victoire. Le roi de France lui confia la garde du château[13]. Le roi a désormais le champ libre pour achever la conquête du duché de Normandie. Conquête facilitée par l'abattement moral chez les Anglo-Normands, consécutif à la chute de Château-Gaillard. Le duché tombe entièrement en .

L'affaire de la tour de Nesle

Basse-cour et mur de la chapelle.

En 1314, deux des trois belles-filles de Philippe IV le Bel (1268-1314) furent enfermées à Château-Gaillard après l'affaire de la tour de NesleMarguerite de Bourgogne, femme adultère de l'héritier du trône Louis de France (futur Louis X le Hutin) et Blanche de Bourgogne, épouse de Charles de France (3e fils de Philippe, futur Charles IV le Bel). La première y mourut l'année suivante, peut-être étranglée sur ordre de son époux ou probablement à la suite des mauvaises conditions de sa détention, tandis que la seconde, après avoir passé dix ans dans la forteresse, est « autorisée » à se retirer au couvent de Maubuisson, où elle meurt en 1326.

Guerre de Cent Ans

Entrée de la chemise qui protège le donjon.
Rôle et "monstres" de la garnison de Jehan Limbry escuyer et lieutenant de Falaise, pour la défense de Château Gaillard. Rôle établi le 2 mars 1429. Archives départementales de l'Eure. Cote 2 F 4069.

En , le roi de Navarre, Charles le Mauvais, arrêté, lors du festin de Rouen qui se déroule au château par le roi Jean le Bon, y est brièvement emprisonné, avant d'être transféré au Louvre, puis à Arleux, d'où il s'évadera[14]. En 1413, Charles VI, à court d'argent, réduit la solde du gouverneur de la place des trois-quarts[14].

Durant la guerre de Cent Ans, Château-Gaillard subit plusieurs sièges. Le , il tombe aux mains des Anglais au bout de seize mois de siège[note 3] et ce parce que la dernière corde nécessaire à la remontée de l'eau du puits s'était rompue. C'était la dernière place forte normande qui résistait encore aux troupes anglaises d'Henri V.

La Hire, compagnon de Jeanne d'Arc, s'en empare par surprise en 1431[14] pour le compte des Armagnacs.

« En cette saison Étienne de Vignolles, dit la Hire, partit de Louviers avec une grande compagnie de gens d'armes, qui passèrent la rivière de Seine en des bateaux, et vinrent prendre par escalade Chasteau-Gaillard, qui est à sept lieuës de distance de Roüen, assis sur un roc près de ladite rivière de Seine, là où ils trouvèrent le sire de Barbazen (Guillaume de Barbazan, capitaine de Charles VII) prisonnier du Roy d'Angleterre, lequel avoit été pris dedans la ville de Melun, dont il estoit capitaine. Et fut amené ledit Barbazen devant le Roy (Charles VII), lequel fut fort joyeux de sa délivrance »

— Berry, Histoire chronologique du Roy Charles VII.

Quelques mois plus tard, la forteresse est de nouveau sous contrôle anglais, et sa garde confié à Lord Talbot[15]. En , le roi Charles VII vient en personne mettre le siège devant la forteresse et en reprend possession au bout de cinq semaines de siège[15].

Époque moderne

Pendant les guerres de Religion, les ligueurs s'enferment dans le château alors sous le commandement de Nicolas II de La Barre de Nanteuil. Les troupes du roi Henri IV s'en emparent en 1591 après presque deux ans de siège. En 1598, les États généraux de Normandie demandent au roi la démolition de l'édifice afin d'éviter qu'une nouvelle bande armée s'y retranche pour piller la région[16]. Henri IV accepte. En 1603, les capucins du Grand-Andeli sont autorisés à prendre des pierres pour la réparation de leur couvent. Autorisation donnée également sept ans plus tard aux pénitents de Saint-François du Petit-Andeli, puis ceux de Rouen. Les deux communautés religieuses s'attaquent en priorité aux courtines de la basse-cour et de l'ouvrage avancé. La destruction est interrompue en 1611 puis reprise sous l'égide de Richelieu. Le cardinal ordonne l'arasement du donjon et de l'enceinte de la haute-cour[réf. nécessaire]. Selon Bernard Beck, c'est Louis XIII qui, en 1616, craignant que son demi-frère le duc de Vendôme, César de Vendôme, en rébellion contre lui, ne s'empare du château, aurait hâté la destruction[15].

Ruines romantiques

En 1862, Château-Gaillard est classé au titre des monuments historiques. Il entre dans les guides touristiques vantant les ruines romantiques de la Normandie, au même titre que l'abbaye de Jumièges et les châteaux de Lillebonne[17], de Gisors ou de Tancarville. En 1885-1886, l'architecte Gabriel Malençon[note 4], puis vers 1900, l'archéologue Léon Coutil, sont chargés de dessiner un relevé des vestiges. Plusieurs fouilles et sondages ont permis de mieux connaître le château. Si son plan est maintenant bien connu, il reste des incertitudes sur son histoire et sur l'origine de certains perfectionnements architecturaux.

Ces ruines romantiques ont accueilli en 2017 le Concours international de peinture grand format en Normandie.

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