Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

dimanche 3 août 2025

 

Château de Chambonas

Une église du XIIe siècle sous le vocable de Saint Martin et l'obédience de l’abbaye de Saint-Gilles, succédant peut-être à une autre plus ancienne dans le voisinage de la Commanderie de Jalès et de la chapelle de Thines, possession avancée en Vivarais de l'abbaye du Monastier, la tradition d'antiques chemins, voie essentielle conduisant pèlerins et marchands du Languedoc en Velay, sur Notre-Dame du Puy; le cañon du Chassezac et, malgré l'audace du passage, un pont du XIVe siècle sans doute, et le château de Chambonas le commandant; tout cela en raccourci est plus qu'un décor grandiose; c'est une suite rare de jalons historiques, bi-millénaires, dont l'importance médiévale nous échappe. Ces facteurs interdépendants forment un tout auquel le château de Chambonas apporte une pierre de choix. L'ampleur du paysage accentue la masse imposante du château dont les premières dates nous échappent. XIIIe, XVIIe et XVIIIe siècles, voici, croit-on avec certaines énigmes, les plus certaines de sa construction, en quadrilatère cantonné de quatre tours rondes. Une porte à bossages (XVIIe siècle) ouvre sur un escalier à balustres de même époque et très belles proportions. Une salle voûtée d'arêtes à peintures analogues à la salle dite "italienne" de l'Evêché de Viviers (XVIIIe siècle) conduit au grand salon réaménagé au XIXe siècle. Dans une suite d'autres pièces également proportionnées, un salon très important avec cheminée monumentale aux armes des Chanaleilles. Telle fut sous les hautes toitures du corps central et ses tours en poivrières, jusqu'en 1808, la demeure des La Garde-Chambonas, issus des seigneurs de la Garde-Guérin; elle leur doit la plupart de ses embellissements intérieurs et extérieurs sur les jardins français, dont les eaux jaillissantes ajoutent au charme du lieu. Le marquis de Chanaleilles au début du XIXe siècle, puis le Comte de Marcieu; et avec eux les fastes du brave Crillon dont un portrait par Porbus et de nombreux objets d'arc, enrichirent le château de précieux souvenirs. Cette description trop elliptique devrait susciter des visites nombreuses au cœur de ce pays des Vans, centre touristique aussi varié que prometteur. L’illustre maison qui fit construire ce château était d’origine chevaleresque, venue de La Garde-Guérin, antique forteresse située en Gévaudan, sur les confins du Vivarais. Elle s’établit dans notre province dès le XIIIe siècle et forma les branches des Chambonas et de Malbosc. La filiation de cette maison est suivie jusqu’à nos jours, depuis Raymond de La Garde, seigneur de La Garde-Guérin qui figure dans un acte de vente fait à Bertrand de Molette, le 18 des calendes de janvier 1237. Il avait épousé Sibille de Beauvoir du Roure, fille de Guillaume et d’Alasie de Planchamp. Louis-François de La Garde, fils d’Antoine de La Garde, seigneur de Chambonas et de Cornillon, avait épousé, le 19 août 1629, Charlotte de La Baume-Suze, fille de Rastaing, comte de Suze, seigneur d’Eyrieu et Montfrin, bailli des quatre bailliages du Dauphiné, et de Catherine de Grolée. Il eut deux fils dont Louis-François et Charles-Antoine, né en 1635. Ce dernier fut longtemps grand vicaire de Louis de Suze. Il fut appelé, en 1671, au Siège épiscopal de Lodève. Il fut sacré à Paris, le 15 novembre 1671, par son oncle, assisté des évêques du Mans et de Comminges. Il continua néanmoins ses fonctions de grand vicaire de Viviers, avec le titre de coadjuteur de l’évêque qui était fort âgé, et c’est en cette qualité qu’il rédigea, en 1684, un mémoire en faveur des habitants de Privas, pour prier le roi de les laisser "se relever de l’état pitoyable où ils sont réduits, principalement pour avoir moyen d’employer leurs biens et leurs vies pour Sa Majesté". Il ne cessa d’aller de paroisse en paroisse, consolant les uns, secourant les autres, arrêtant la fureur des soldats et obtenant la grâce de nombreux coupables. Damville, se rendant en Vivarais, en 1689, l’avait fait venir de Lodève afin de l’accompagner dans le diocèse de Viviers, "parce que son dessein était d’employer plutôt la voie de la douceur que celle de la force, et il savait que ce prélat, avant ces désordres, avait travaillé efficacement pour la religion dans ce pays en la place du vieil évêque, son oncle, qui, à cause de son grand âge, était incapable d’agir". Louis-François, frère aîné de l’évêque, avait obtenu, en 1683, l’érection de la terre de Chambonas en marquisat. Il épousa, en 1695, Charlotte de Fontanges, dame d’honneur de la duchesse du Maine, et mourut, en 1729. Quand la duchesse du Maine fut emprisonnée, en décembre 1718, lors de la conspiration de Cellamare, Madame de Chambonas "demande en grâce, quelques jours après, d’aller se renfermer volontairement avec elle". Scipion-Loui s-Joseph de Chambonas, fils du précédent, se distingua dans la carrière militaire, et le duc de Luynes, dans ses mémoires nous apprend que mécontent de n'avoir pas été fait maréchal de camp, il quitta le service, en 1746. Il mourut en 1765. Il avait épousé en secondes noces une Beauvoire du Roure et en eut un fils, né vers 1750. Sa vie fut celle d’un original débonnaire qui mourut en 1807, dans un état voisin de l’indigence. Il vendit le château et le marquisat de Chambonas au marquis de Chanaleilles, revenu comme lui de l’émigration. Le marquis Guillaume de Chanaleilles, qui en fit l’acquisition, était un officier de marine déjà remarqué avant la Révolution. Plus tard, il obtint le grade de capitaine de vaisseau. Il siégea pendant quarante ans au Conseil général de l’Ardèche et fut créé pair de France, en 1837. Son fils, Sosthènes, avait été lieutenant-colonel du 4e chasseur à cheval. Il a vécu dans une sorte de retraite, depuis 1853, après la mort de son fils. Il n’a laissé qu’une fille, mariée au marquis de Marcieu. Les Chanaleilles sont actuellement représentés par Paul-Aimé-Henri-René de Chanaleilles, marquis de La Saumée, chef de bataillon au 117e régiment territorial d’infanterie, marié, le 11 février 1885, à Jeanne Germon de Malmusse, dont Marie-Joseph-Roger-Sosthènes, né le 22 octobre 1891, 2 rue de Chanaleilles, château de par Saugues (Haute-Loire).

Éléments protégés MH: les façades et les toitures : inscription par arrêté du 2 avril 1963. L'ensemble du parc, le grand escalier intérieur, le salon italien du rez-de-chaussée, le grand salon faisant suite au salon italien, le petit salon situé dans une tour : classement par arrêté du 16 septembre 1963. 

 château de Chambonas 07140 Chambonas

   

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