Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

dimanche 3 août 2025

 

Château de Hautvillars

Entre Vernoux et Chalancon, la rive gauche de l’Erieux est fort agréablement vallonnée. Cette rivière a creusé un lit profond; mais, au-dessus de la falaise qui domine cet escarpement, la campagne est verte et charmante. Là, au penchant d’une colline boisée, s’élèvent deux châteaux voisins, Colans et Hautvillar. Le premier fut habité par les seigneurs de même nom, et passa ensuite à la famille de Lauberge. Le château de Hautvillar, bien que remanié à diverses époques, depuis l’ère féodale jusqu’à la Renaissance, est très intéressant, soit par son aspect général, soit par ses détails d’architecture. Malheureusement, un lourd crépissage a, depuis peu, empâté ses façades, et ses créneaux ont fait place à une génoise banale en tuiles creuses. Ce qui charmait dans les vieilles murailles, le relief et la couleur, a disparu sous une croûte blafarde. De plus, des masures de fermes, hangars et écuries, en masquent les abords, en sorte qu’il est très difficile de prendre les vues d’ensemble du château. L’épaisse construction féodale primitive est caractérisée par les deux tours du midi, dont l’une est surmontée d’une couronne de mâchicoulis. Le corps de logis forme un carré long, que termine, au nord, un donjon carré, pourvu également de mâchicoulis. A l’est, devant la façade principale, on entre par une cour entourée de bâtiments de service. D’élégantes moulures encadrent les fenêtres. La porte, surmontée d’une haute accolade et de lancettes de la belle époque ogivale, encadre l’écusson, gratté sous la Révolution, qui portait les armes de la maison: d’azur à rois roses d’argent, au chef cousu de gueules, au lion issant d’or. La disposition intérieure a dû être modifiée au XVIe siècle, car, au lieu des marches en colimaçon, qui sont typiques des demeures gothiques, on se trouve en présence d’un bel et large escalier à marches égales, qui distribue la maison par les paliers carrés, à chaque étage, avec une main courante sculptée à vif dans la paroi. Dans la première salle dite salle basse, autrefois entourée d’une boiserie en noyer sculpté à hauteur d’homme, l’œil est tout de suite attiré par une cheminée monumentale. Sur le manteau, des sirènes en cariatides supportent une élégante corniche qui touche les hautes solives du plafond; au milieu est un bas-relief symbolisant l’Histoire: une figure académique d’un beau modèle, assise sur un trophée, écrit sur un cartouche que soutient, genou en terre, un guerrier en costume de légionnaire romain; la perspective du fond figure une ville forte. Sur la frise, ornée de têtes de lion, s’arrondit un médaillon où Neptune, trident en main, est traîné sur une conque attelée de chevaux marins. Toutes ces décorations, du plus pur style renaissance, sont obscurcies par une fumée séculaire: elles remémoraient les hauts faits, sur terre et sur mer, des habitants de la maison. C’est à M. Jacques de Lubac que nous devons cette description. La maison de Hautvillar est ancienne et chevaleresque. Elle est connue par filiation dès le commencement du XIIIe siècle, mais, en 1173, Hugues de Hautvillar est inscrit sur la liste des fondateurs de la chartreuse de Saint-Hugon, près Allevard, en Dauphiné. En 1341, Etienne de Hautvillar passe une transaction avec Sylvius Charbonnel. En juillet 1388, noble Pierre de Hautvillar et son fils Etienne traitent avec Gérenton de La Marette, pour le mariage de sa fille Alexandre de La Marette avec Etienne. Deux oncles, prieurs, l’un de Saint-Félix et l’autre de Genestel, assistent à cet accord, devant le notaire, Guillaume Fabri. Noble Pierre de Hautvillar avait épousé, en 1357, Brunissande de Joannas, fille de Pons de Joannas, il testa en 1397. En 1389, François de Hautvillar épouse Catherine Eynard, veuve d’Etienne de Romieu, seigneur de Maillane. Elle était fille de Raymond Eynard, damoiseau, puis chevalier, seigneur de Montmeyrand, de Chamousse, de Prébois, de Feuillans, d’Avers, de Montlaur, de Largentière, etc..., et de Marguerite de Rochefort. En 1468, Claude de Hautvillar rend hommage à Aymar de Poitiers pour sa maison-forte de Hautvillar, située dans le Haut-Vivarais, paroisse de Silhac. Il était marié à Lyonnette de la Marette, dame de Pierregourde. Il eut de cette union: François, qui continua la maison; Sébastien, qui fut commandeur de la commanderie de Saint-Antoine d’Aubenas; André, religieux du même ordre; Antoine, qui fut protonotaire apostolique, prieur de Saint-Félix; Izabeau, mariée à noble Antoine de Gueyffier, seigneur de Bessettes. Les Hautvillar se fondirent dans les d’Apchier de Vabres, par le mariage de Catherine, fille d’Olivier d'Hautvillar et d’Antoinette de Veyrac, avec Jean d’Apchier, fils de Philibert d’Apchier de Vabres, le 3 janvier 1656. Cette maison fut maintenue dans sa noblesse, le 17 janvier 1669, sur preuves filiatives remontées à Claude de Hautvillar, seigneur dudit lieu, dans le Haut-Vivarais, vivant vers 1490, dont le fils, François de Hautvillar épousa, le 20 août 1520, Marguerite de Vesc. (Armorial du Vivarais: Article Hautvillar). Jean d’Apchier de Vabres et Catherine de Hautvillar eurent un fils: Philibert d’Apchier, comte de Vabres, qui épousa, le 24 décembre 1680, Gabrielle de Ginestoux de La Tourette, dont: Joseph-Philibert d’Apchier, comte de Vabres et de La Baume, grand sénéchal d’Arles, 1714. De son mariage avec Henriette de Fay-Solignac, il eut: Louis-Charles, comte d’Apchier et de Vabres, baron de la Baume, de Saint-Vénérand, de Hautvillar, épousa, le 18 juin 1771, Marie-Agathe-Philippe Bouchard d'Aubeterre de Saint-Privat. Il assista à l’assemblée des trois ordres de Privas, en 1788, et laissa: Louis-Philibert, comte d’Apchier et de Vabres, page de Louis XVI, épousa Antoinette-Catherine de Corteille de Vaurenard, mourut sans enfant, ne laissa qu’une sœur, Marie-Thérèse-Henriette d’Apchier de Vabres, mariée, le 22 février 1797, à Antoine-Paul-Augustin Falcon de Longevialle, ancien chevau-léger de la garde ordinaire du roi Louis XVI, dont nombreuse postérité. Voir Armorial du Vivarais pour les armes et les sources bibliographiques. 

 Éléments protégés MH: la cheminée sculptée dans une salle du premier étage : inscription par arrêté du 17 avril 1952 

 château de Hautvillars 07240 Silhac

   

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