Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

Châteaux de France inscrits et classés au titre des Monuments Historiques

dimanche 3 août 2025

 

Château d'Entrevaux

Entrevaux était certainement un des châteaux les plus importants de la vallée de l’Ouvèze. La Renaissance y avait apporté tout le confort possible et, en particulier, l’usage de placer au centre même du bâtiment, l’escalier, auquel on donnait alors un développement considérable et qui devenait souvent la partie la plus soignée de l’habitation. Le rez-de-chaussée est voûté, et l’on remarque à la salle à manger, ainsi qu’à la cuisine, de belles voûtes d’arrêté et des cheminées monumentales. Au premier étage, non seulement les pièces sont vastes et leurs cheminées proportionnées à leur dimension, mais les fenêtres à meneaux les inondent de soleil. Les plafonds, à la française, sont peints en rouge foncé, avec des ornements renaissance jaune d’or. Entrevaux conserve intérieurement tout son caractère, c’est ce qui en constitue le principal intérêt et en fait un des rares spécimens, restés intacts, des vieilles demeures seigneuriales de ce pays. Extérieurement, l’aspect de cette construction revêtue de pierres volcaniques, à l’épreuve des boulets du XVIIe siècle, est imposant. La façade du midi, donnant sur une cour spacieuse, est percée de deux étages de croisées à meneaux. A l’est et à l’ouest, nous retrouvons ces mêmes croisées. Au nord, d’étroites ouvertures, grillées jusqu’au premier étage, sont disposées pour la défense et donnent sur un large fossé. Cette énorme masse, autrefois couronnée de hourds, est flanquée de quatre tours circulaires écimées par ordre de Richelieu, après le siège de Privas, en 1629. A l’ouest, la cour est limitée par les communs que terminent à l’angle sud-ouest le donjon et une salle voûtée qui devait servir de corps de garde. Par trois marches on descendait du corps de garde sur la terrasse crénelée qui dominait une sorte d’esplanade ou préau limité au sud par l'Ouvèze qui coule à 80 mètres plus bas. A l’angle sud-est de la cour, une guérite était réunie au château par un rempart crénelé. Entre la guérite et le château, s’ouvrait un pont-levis, sur un large fossé. L’entrée directe du château avait également son pont-levis. La partie des communs et du donjon paraît beaucoup plus ancienne. Des traditions et des légendes locales font cependant remonter le château à une époque bien plus reculée et racontent qu’Entrevaux fut attaqué et pris par les routiers, furieux d’un échec subi devant le monastère de Saint-Michel, dont les ruines se voient encore au sommet de la montagne de Charay. Cette attaque du monastère voisin d’Entrevaux est prouvée par les documents et permet d’ajouter foi (au moins dans une certaine mesure) à la tradition rapportant la prise et le sac d’Entrevaux. On peut placer ce fait vers le commencement du XVe siècle. Le château doit dater, dans la partie moins ancienne, de cette époque où les artistes italiens envahirent la France et où les châtelains, inspirés de ce qu’ils avaient vu à Naples pendant l’expédition de 1495, firent transformer ou construire leurs demeures au goût du jour. Ils les entouraient de ces jardins merveilleux que Charles VIII signale de Naples à son beau-frère, Pierre de Bourbon. Entrevaux et ses seigneurs jouèrent un rôle important pendant les guerres des XVIe et XVIIe siècles. Les commentaires d’un Soldat du Vivarais nous fournissent quelques notes que nous donnons ici: "En ce temps-là, le sieur d’Entrevaux, huguenot, lequel à l’arrivée du roi avait remis en l’obéissance son château qui est proche de Privas et au derrière du fort de Toulon, fut prié, par quelques officiers de Sa Majesté, de leur donner le couvert en une grange proche le château, dans lequel était logé M. le comte de Soissons; ce qui étant venu à la connaissance des assiégés, ils firent une sortie de la ville, à la faveur du fort de Toulon, et ayant la nuit investi ladite grange, tuèrent un desdits officiers, prirent les chevaux et les bagages, et les autres, au nombre de quatre ou cinq, se garantirent, s’étant barricadés en un quartier". Ce même fait est rapporté dans le journal historique du siège de Privas. Nous y lisons encore que: "Le cardinal de Richelieu rencontra douze jeunes filles, qu’il fit conduire au château d’Entrevaux pour les dérober à la brutalité des soldats. On lui porta un enfant de sept mois trouvé sur le sein de sa mère morte; il l’appela Fortuné de Privas, et le confia aux soins de l’évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, qui le fit, dans la suite, élever chez les Cordeliers de Montélimar. Cet enfant devint la tige de la famille Liotard qui existe encore". Dans l’intérieur du château nous trouvons, fort bien conservée, la chambre dite de Richelieu; sur la monumentale cheminée sont peintes les armes des de Bénéfice, seigneurs d’Entrevaux: Ecartelées au 1 er de gueules, à deux lévriers d’argent courant l’un sur l’autre; au chef de gueules chargé de trois rocs d’échiquier d’or (qui est de Bénéfice); au 2 e de gueules, à la croix d’argent alaisée, au pied fiché (qui est de Pape de Saint-Auban); au 3 e d’azur, à la colombe d’argent tenant en son bec un rameau de sinople, accompagné de trois étoiles d’argent (qui est d’Anjou); au 4 e d’or alias d’azur, au chevron d’azur alias d’or accompagné de trois têtes de léopards de gueules alias de sable arrachées, languées et alumées de gueules (qui est de Forbin). Le 16 juin 1546, Alexandre de Bénéfice, baron de Cheylus, épousa Claudine de Forbin, fille de François de Forbin et de Catherine d’Anjou. Leur fils, Antoine de Bénéfice de Cheylus, le premier seigneur d’Entrevaux connu de ce nom, eut de son mariage avec Judith de Barjac, fille de François de Barjac et de Claudine de la Marette, dame de Pierregourde, deux enfants dont René, seigneur d’Entrevaux et de Châteauneuf, maréchal de bataille, 1647, colonel d’un régiment d’infanterie et Antoine. René de Bénéfice, seigneur d’Entrevaux, épousa Françoise Pape de Saint-Auban, fille de Guy Pape II, seigneur de Saint-Auban, gentilhomme ordinaire de la chambre de Louis XIII, et de Mabille des Massues de Vercoiran. Il n’eut pas d’enfant et fit son héritier Charles d'Ythier, fils de Louis, capitaine commandant une compagnie de Chevau-Légers au régiment de Montauban, et de Paule de la Tour de Chomérac, fille d’Antoine de La Tour, seigneur de La Garde et de Savas, et d’Ysabeau de Barjac, Son petit-fils, Louis Ythier d’Entrevaux, capitaine au régiment Dauphin, chevalier de Saint-Louis, mourut à Privas, le 11 mars 1791, ne laissant pas d’enfant de Marie de Monteil. Entrevaux passa ensuite à la famille de Bronac qui l’habita pendant la Révolution et le Premier Empire, puis le vendit à un paysan qui se mit en devoir de dévaster le château, en conscience. Ce que voyant, M. Philippe Benoit, de Payre, dont la famille était plusieurs fois alliée aux de Bénéfice et aux Ythier de la Tour de Chomérac, racheta Entrevaux pour le sauver des mains du vandale. Il appartenait au début du XXe siècle à M. Benoit d’Entrevaux, directeur de la Revue du Vivarais. 

 Éléments protégés MH: les façades et les toitures, les deux pièces du premier étage dénommées grand salon et chambre de Richelieu : inscription par arrêté du 28 avril 1970. 

 château d'Entrevaux 07000 Saint-Priest

   

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